Bonus 298 : Sri Lanka

Retrouvez l'interview de Yannick Poirier, expat français au Sri Lanka depuis 10 ans, ainsi que d'autres images du photographe Laurent Nevarez.

27/04/2012 par Surf Session

Véritable ambassadeur francophone au Sri Lanka, le sympathique Breton Yannick Poirier partage depuis une douzaine d’années la vie des habitants du village de Midigama pour le meilleur et pour le pire. À travers son histoire et les événements qui l’ont marqué, il nous offre une vision interne de ce pays qu’il aime tant.

 

Yannick, peux-tu nous raconter quand et comment es-tu arrivé au Sri Lanka ?

En 1999, j’avais 30 ans, je vivais dans les Landes depuis 10 ans, j’avais un boulot plutôt sympa au CERS à Capbreton et je me suis demandé ce que j’allais faire les 25 prochaines années. N’ayant aucune idée précise, je me suis arrangé avec la DRH pour prendre une année off pour réfléchir. Un très bon ami avait été au Sri Lanka à Midigama et m’avait dit que ça me plairait sans aucun doute. Bingo, je suis arrivé ici et j’ai rapidement rencontré Jaï de la Subodinee Guest House avec qui le contact est passé instantanément ! Je suis resté 6 mois ici avant de rentrer bosser en France. J’ai ensuite fait ça pendant trois ans en  »simple touriste » en étant véritablement adopté par la famille de Jaï, en apprenant le cingalais… Puis ce dernier m’a conseillé de monter une affaire ici afin de pouvoir y vivre à l’année. J’ai alors monté mon école de surf l’hiver 2003-2004.

Comment était le village de Midigama à l’époque ?

Même si ça reste un petit endroit calme et préservé, il y a 12 ans tout était encore plus rudimentaire. Il y avait des coupures d’électricité pendant 4h par jour, on s’éclairait le soir à la bougie, pas de ventilateur et il n’y avait évidemment pas de téléphone. Il y avait une douzaine de surfeurs au maximum à l’eau.

 

Sais-tu quand et comment le surf est arrivé ici ?

En 1972, Tony Hussein Hinde et Mark Scanlon, deux surfeurs baroudeurs australiens pionniers du surf aux Maldives, ont parcouru la côte SW du Sri Lanka et découvert pas mal de spots. En passant à Midigama, ils ont rencontré des habitants comme Jaï qui leur ont proposés de quoi manger et dormir. Puis les années suivantes, d’autres surfeurs ont fait escale dans le village et sont venus surfer les vagues du secteur. L’afflux de surfeurs est resté très limité durant les 80 et 90’s et ne commence à se développer véritablement que depuis 10 ans.

Quel est le potentiel surf de cette région et qu’est-ce que tu aimes tant dans ce pays ?

Entre Midigama et ses alentours, je dirais qu’il y a une dizaine de vagues différentes et très sympas. Ce ne sont pas forcément des vagues world class mais à la bonne saison, le vent off et le soleil sont calés. Il y a alors de quoi se faire vraiment plaisir en profitant de chaque session dans une eau chaude, un décor magnifique et une ambiance généralement conviviale ! Une super destination pour venir avec sa copine.

Le Sri Lanka a évidemment bien plus que des vagues à offrir et ce pays est d’une richesse énorme. En plus des paysages époustouflants, de la culture riche de 3 500 ans et la nourriture, j’aime profondément les gens ici, leur humanité et leur manière de voir la vie. C’est vraiment un peuple ouvert, simple et authentique qui te prend par la main et t’emmène dans leur culture.

Décembre 2004, un atroce tsunami détruit tout ce que tu aimes, quels souvenirs gardes-tu de cette effroyable catastrophe ?

Le jour du tsunami, j’étais en cours de surf avec trois élèves à la plage de Welligama un peu au sud quand l’un d’eux me fait remarquer que la marée semble monter à vue d’oeil. Sentant qu’un truc anormal se passe, je leur dis de ramer le plus possible dans la baie vers le large en restant bien attachés à leurs planches et je retourne au bord pour aller chercher notre chauffeur Akalanka. Je me fais soudain emporter par une montagne d’eau vers le rivage et je réussi in extremis à éviter de me fracasser contre un arbre en me protégeant avec ma planche BIC qui se plie et me permet ensuite de grimper sur le tronc pour m’abriter. J’assiste alors impuissant à l’apocalypse en voyant la mer rentrer sur 2 km, emportant des centaines de corps et des maisons entières. (Les trois stagiaires seront récupérés sains et saufs après la catastrophe, ndlr)

Comment s’est déroulée la période de reconstruction post-tsunami et quelle a été ton implication ?

Avec l’aide de ma soeur, nous avons immédiatement créé une association 1901 ‘’aidons Midigama » pour recueillir au plus vite des dons de proches pour nourrir le village. Nous avons eu beaucoup de soutien d’associations et de collectivités locales, quelques entreprises comme Rip Curl et une formidable équipe médicale mise en place par le Dr N’Guyen de Bayonne qui a apporté beaucoup de matériel sur place. Pendant deux ans, Jaï et moi avons travaillé à 100 % sur ce projet et l’association a réussi à collecter 250 000 € permettant la construction de 137 maisons, 3 écoles maternelles, 15 bateaux, et de nourrir les 300 familles du village pendant 3 semaines. Une aventure humaine exceptionnelle.

Aujourd’hui, après le tsunami et la fin officielle de la guerre civile depuis 3 ans, comment perçois-tu l’avenir de Midigama ?

Même si le tourisme de masse souhaite s’implanter dans le pays, Midigama restera encore longtemps une destination ‘’off the track » pour des surfeurs curieux qui souhaitent profiter d’une ambiance relax et de vagues sympas. Il y aura sûrement un peu plus de monde, mais je pense que l’esprit perdurera !

 

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3 commentaires

  • Pav
    6 novembre 2012 1h08

    Hi Yannick,

    Nice article, I experienced the hospitality of the Subodinis family in 2007 when I visited Midigama, Yannick truly is a great guy. What this article is missing is some contact address for Yannick now as I’m heading there in a few weeks again and would like to get some surfing tour/lessons.

    Cheers,

    Pav

    Répondre

  • delvalléé
    7 août 2012 23h11

    bonjour,

    je viens de lire l’article sur midigama et ce que tu as entrepris la bas…. très belle aventure humaine… très inspirant..

    un client à moi sur Châteauroux (ou j’ai une boutique ) m’a parlé de toi… il m’a dit que tu donnais des cours de surf en France l’été dans cette région.. ???
    si oui serait ce possible que ma fille prenne des cours avec toi ? elle a commencé le surf l’été dernier.. elle a dix ans.. je descends sur la cote basque cette semaine jusqu’au 15 aout..
    si il y a une possibilité ce serait sympa..
    au plaisir de peut être te rencontrer,
    cathie

    Répondre

  • Clavier
    5 mai 2012 19h37

    Je te félicite Yannick, pour ton courage, d’avoir tout abandonner, ou presque, pour te donner à ton sport favori, et l’inculquer à de jeunes cingalais……. C’est un magnifique pays là ou tu es….! Et tu peux beaucoup apporter sur le plan humain, pour ces gens du Sri-Lanka. Ce peuple si courageux, malgré les malheurs qui le frappe. Tu représentes bien notre France, et Breton de surcroît.
    Je te souhaite plein de belles choses. Morice (d’Auray)

    Répondre

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