ENFIN L’INTERVIEW D’ANDY IRONS

L'ex Champion du Monde sort de son silence et se livre sur le site américain Surfline.com.

06/12/2009 par Romain Ferrand

Un an. Ça fait déjà un an qu’Andy Irons a décidé de se retirer du circuit professionnel de surf, tout en promettant à l’époque d’être de retour en 2010.

Andy a déjà renfilé le lycra de compétition à 3 reprises cet automne, à Haleiwa et Sunset, sans résultat significatif (Joan Duru l’a battu à Sunset la semaine dernière…)

Alors que son « congé sabbatique » semble prendre fin, le triple Champion du Monde s’est livré à Mike Cianciulli du site Web américain SURFLINE et fait la lumière sur l’état d’esprit dans lequel il se trouve actuellement :

QUEL A ÉTÉ TON PRINCIPAL OBJECTIF CES 11 DERNIERS MOIS ?

Depuis que je m’étais dit que je ne participerais pas au World Tour cette année, et après qu’ils m’aient donné une Wildcard [pour 2010], je suis juste revenu au surf pour les raisons qui m’ont poussé à m’y mettre – parce que j’aimais ça. Et, tu sais, ça a pris un peu de temps. Je ne voyais le surf qu’à travers la compétition et je n’aimais plus vraiment surfer, et ça, c’était vraiment flippant. Je ne savais pas ce qui allait se passer et ça a été une période bizarre, je ne savais pas ce qu’il y aurait dans le chapitre suivant. Cette année a vraiment été cool, j’ai juste fait plusieurs voyages. Et j’ai réalisé à quel point c’est bon d’être sur le Tour.

C’EST OFFICIEL, TU FAIS DONC TON RETOUR SUR LE TOUR L’AN PROCHAIN ?

Oui j’y serai ! Je ne vais pas faire le coup du « peut-être… », j’ai du prendre une année sabbatique, et maintenant je suis de retour.

ÇA T’A MANQUÉ ?

Bien sûr que ça m’a manqué. Pendant les premières épreuves, je suivais même ça sur Internet. Certains de mes potes ont fait de bons résultats. Je suivais attentivement [Dustin] Barca et j’aime regarder les heats de Parko. Je surveillais tout le monde, pour voir ce que chacun donnait. C’est un peu comme quand tu ne vois pas tes vieux amis pendant longtemps. Je restais en contact avec Freddy P [Pattachia]. Et maintenant qu’on arrive à la dernière épreuve…Le temps est passé tellement vite, comme sur le Tour. Je pense même qu’il est passé encore plus vite que sur le Tour.

EST-CE QUE PARTICIPER AU TOURNAGE DE ‘STILL FILTHY’ (La dernière vidéo Billabong, ndlr > voir chronique) A OCCUPÉ UNE GRANDE PARTIE DE TON ANNÉE SABATTIQUE ?

Carrément. Durant la première moitié de l’année je n’ai pas fait beaucoup de voyages, mais j’ai probablement du en faire une douzaine durant les 6 derniers mois. Donc oui, ça m’a pris beaucoup de temps. J’ai fait en moyenne 2 voyages par mois pendant 5 ou 6 mois.

PARCE QUE TU LE VOULAIS OU… ?

Oui, parce que je n’avais pas tourné du tout avant ça. J’ai passé pas mal de temps à la maison, et aussi à l’extérieur. J’ai fait pas mal de promo, de choses avec Billabong, et je n’ai pas surfé pendant un petit bout de temps. J’ai fait un break, ai pris un peu de gras et me suis juste relaxé. J’ai regardé pas mal de foot et probablement bu trop de bières au début, et une fois que j’ai repris le surf je suis allé en Australie de l’Ouest, et là-bas je me suis à nouveau entraîné avec Joel [Parkinson], j’ai travaillé pour redevenir « affûté ». Et je suis désormais de retour chez moi et super enthousiaste de surfer à nouveau.

EST-CE QUE BRUCE [son frère, ndlr] ET TOI AVAIENT DISCUTÉ DE VOS CHOIX DE NE PAS FAIRE LE TOUR ?

Non, pas du tout. Pas une seule fois. Enfin, on parle du Tour, mais pas du fait que l’on n’y soit pas. On parle de ce qui s’y passe, probablement comme tout le monde, mais pas vraiment du fait que l’on en est partis. Je ne crois même pas qu’une telle conversation ait déjà eu lieu.

D’APRÈS TOI, QU’EST-CE QUI PEUT ÊTRE AMELIORÉ SUR LE TOUR ASP ?

Je pense qu’ils font du bon boulot. Mais je suis quand-même content qu’ils changent pas mal de choses. Je pense fortement que ce serait mieux qu’il y ait moins de surfeurs. 45 surfeurs, c’est beaucoup, et je pense qu’il n’y en a peut-être qu’une quinzaine que les gens ont vraiment envie de suivre. Et je pense que ce serait une bonne idée que d’injecter plus d’argent aussi.

TU HABITES EN FRONT DE MER EN CE MOMENT, À OFF-THE-WALL. QU’EST-CE QUE CA FAIT D’ÊTRE DE RETOUR SUR LE NORTH SHORE ?

Le North Shore est quelque chose de dingue. Je suis là depuis Septembre. Billabong possède une maison à l’année, j‘ai juste à y venir et j’ai une chambre. Parko, Taj, Tiago et moi avons cet endroit de dingue. La maison a la forme d’une vague. C’est assez incroyable.

ETAIS-TU UN PEU NERVEUX EN ÉTANT DE RETOUR DANS LA TRIPLE CROWN ?

Oh que oui. J’ai essayé de faire le XCel Pro [à Sunset beach], j’ai passé un tour, et c’est à peu près tout. Ensuite, je suis allé à Haleiwa et c’était petit et ça se déroulait devant tout le monde et ça m’a profondément angoissé. J’ai paniqué et fini dernier de ma série. Je n’arrivais même pas à retrouver mes esprits.

J’ai donc pensé que ça allait être très dur d’être prêt pour la [reprise du Dream Tour] sur la Gold Coast, de me réhabituer à surfer devant beaucoup de monde. Le Pipe devrait être un bon échauffement parce que c’est assez près du bord. Le plus dur pour moi est de surfer vraiment près des gens. Quand ils regardent et que les vagues sont vraiment proches, c’est vraiment bizarre tu as l’impression qu’ils sont sur tes épaules. Sunset, Bell’s Beach ou Teahupoo, où il y a au moins un peu d’espace entre le channel et toi, sont vraiment des spots que j’apprécie.

TU AVAIS DEJA CE SENTIMENT QUAND TU ÉTAIS SUR LE TOUR EN 2008 ?

Oui, vers la fin j’ai commencé à en avoir vraiment marre de toujours être à fond, et l’ambiance des compétitions était réellement pesante. C’était vraiment envahissant et j’en ai eu marre de tout ça, j’étais lessivé, et j’avais besoin de mon espace. Je crois que ça explique en grande partie mon choix de faire un break.

EST-CE LE FAIT D’ÊTRE DE RETOUR TE MET LA PRESSION ? AS-TU LE SENTIMENT DE DEVOIR TE PROUVER ENCORE QUELQUES CHOSE A TOI MÊME ?

Non, je ne crois pas que je dois prouver quoi que ce soit à quiconque. J’ai accompli tout ce dont j’ai toujours rêvé, à 3 reprises. Quand je reviendrai, ce ne sera que du plaisir. C’est que du bonus. Chaque série que je fais est du bonus. Bien sûr, je suis compétiteur, je n’aime pas perdre et je serai en pétard quand je perdrai plusieurs séries – mais je ne prévois pas de vraiment en arriver là ? Je serai donc là et je ferai du mieux possible et c’est en gros tout ce que je pourrais vraiment faire. J’ssaierai de bien faire pour moi-même, ma famille et Hawaii.

CETTE ANNÉE, IL Y A EU BEAUCOUP D’EXPÉRIMENTATION AU NIVEAU DU DESIGN DES PLANCHES. EST-CE QUE, DE TON CÔTÉ, TU VAS AMENER DE NOUVEAUX DESIGNS SUR LE TOUR ?

Les gars sont bizarres ! Non, je ne change pas mon matériel. J’aime surfer des planches plus petites sur des vagues comme Snapper et Trestles, mais des planches qui ne ressemblent pas à des fishs mais qui font 1 ou 2 pouces de moins, du genre 6’0″ ou 5’10 ». Quelque chose comme ce que surfe Dane [Reynolds]. J’aime cette planche que Dane a surfé, elle a l’air vraiment cool, et quelque chose comme ça pour Snapper pourrait vraiment être sympa. Elle est assez large, plus courte, se tient mieux dans le creux. Pour moi, Snapper est une vague assez difficile. Je n’ai jamais fait de réels bons scores là-bas, sauf l’année où il y a eu ces cyclones et où le banc de sable n’était plus si parfait. Les point-breaks creux sont réellement durs pour moi.

POURQUOI D’APRÈS TOI ?

Je ne sais pas. J’ai grandi en surfant des beachbreaks devant chez moi, et les reef-breaks n’offrent que des tubes. C’est pourquoi des vagues comme J-Bay ont toujours été difficiles pour moi, Snapper aussi, ce genre de droites… Je suis en fait bien meilleur en backside sur ce genre de vagues. C’est  bizarre.

QUELLES ÉPREUVES ES-TU IMPATIENT DE RETROUVER ?

Tahiti, si on arrive à avoir de jolies conditions. Ils ont changé de période, ça va donc être vraiment sympa. J’aime l’Europe. J’aime la France. J’aime Pipe, bien sûr. Et espérons qu’ils remettent Fiji. Ce serait chouette. Et il est toujours excitant de voir où les compétitions de « The Search » nous emmènent.

SI, COMME TU L’AS DIT, TU N’ES PLUS CETTE BÊTE DE COMPÉTITION QUE TU ÉTAIS AUTREFOIS, QUELLES SERONT TES MOTIVATIONS POUR GAGNER DES SÉRIES ?

J’essaie encore de les trouver ! (rires). Je ne sais pas, c’est une question difficile. C’est la chose la plus dure : trouver pourquoi je veux vraiment gagner. Je suis là parce que c’est une sorte de job et j’ai déjà accompli ce que je voulais, mais je ne veux pas perdre. Je pense donc que je vais juste y aller pour être sûr que je ne perds pas. Ca me suffit pour me montrer.

TU AS EU DE BON RESULTATS À PIPELINE ANNÉE APRES ANNÉE. DANS QUEL ÉTAT D’ESPRIT TU Y VAS CETTE FOIS-CI ?

J’essaie juste de me faire plaisir. Ce sera probablement la meilleure année pour moi parce que je n’ai pas à me soucier de la Triple Crown, je ne suis pas dans la course pour ça. Je n’ai pas non plus à me soucier des classements, ou de la requalification, ou d’être dans le Top 5, le top 10 ou autre. C’est plus d’y être et, peut-être, d’aider Parko un peu. J’aimerai voir Joel gagner un titre Mondial. Je veux dire, Mick en a gagné un, Joel est juste un bon ami et j’habite en ce moment avec lui alors je dois dire ce genre de choses (rires). Non, j’espère réellement que Joel gagne. Mais si ce n’est pas le cas, Mick est un grand champion aussi.

Propos recueillis par Mike Cianciulli (Surfline). Pour retrouver cette interview dans son contexte original : www.surfline.com


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