« La mort rôde
mais la vie brille »

Au départ, il n’y avait ni caméra, ni projet de livre ou de film. Il y avait un homme seul, une urgence, et la nécessité d’agir. Damien Castera prend la route pour plus de 3 000 kilomètres, au volant de son fourgon chargé de médicaments collectés en France, direction la frontière ukrainienne. Son objectif est simple, presque modeste : livrer, aider, être utile. Rien de plus.

Mais une fois sur place, la réalité dépasse rapidement le cadre prévu. Les visages rencontrés, les récits confiés, la tension permanente bouleversent ses certitudes. De fil en aiguille, Damien franchit la frontière et entre en Ukraine. La guerre n’est plus une information lointaine : elle a des voix, des regards, des silences. Ce premier voyage agit comme un choc profond.

« Vivre normalement
est une sorte
de résistance. »

De retour en France, impossible pour lui de passer à autre chose. Ce qu’il a vu, entendu, vécu, continue de résonner. Deux ans plus tard, Damien décide de retourner en Ukraine. Cette fois, il part avec une caméra et des mots, non plus seulement pour aider, mais pour comprendre, observer et transmettre. Ce retour, volontairement différé, lui permet de porter un regard plus juste et plus objectif sur une situation installée dans la durée, loin de l’urgence médiatique des premiers mois.

De cette seconde immersion naissent deux œuvres complémentaires : le film La liberté ne meurt jamais, témoignage brut et incarné d’un peuple en lutte, et le livre du même nom, écrit sur deux années, qui prolonge et enrichit le regard porté sur la vie quotidienne des Ukrainiens confrontés à la guerre. Damien y donne la parole à ceux qui ne l’ont pas, à celles et ceux que le conflit relègue hors champ.

Ni simple reportage, ni récit de guerre classique, ce projet est une plongée humaine, directe et sans compromis. Il met en lumière une autre forme de résistance : celle de l’art, de la littérature et de la poésie. Car s’il y a les armes, il y a aussi la culture pour se battre. À mesure que Damien s’approche des lignes de front, les artistes se font plus rares, comme si l’art reculait face à la violence — et pourtant, là où il subsiste, il devient essentiel.

« La mort rôde mais la vie brille », dit Damien Castera. Dans ce chaos, continuer à créer, à écrire, à lire, à vivre normalement devient un acte de résistance. « Vivre normalement est une sorte de résistance. » La liberté ne meurt jamaisporte cette conviction forte : même mise à l’épreuve, même attaquée, la liberté ne disparaît pas tant que des femmes et des hommes continuent de faire vivre la culture, la parole et l’humanité.