Eric Dargent vice-champion du monde à Huntington Beach. Guillaume Colin 4e

9 autres finalistes français tenteront de remporter un premier titre mondial de para surf aujourd'hui.

11/11/2023 par Olivier Servaire

Eric Dargent est devenu vice-champion du monde de para surf (stand 3), pour la quatrième fois de sa carrière, la nuit dernière à Huntington Beach (Californie), site des championnats du monde (5-11 nov.). Guillaume Colin (sit) prend lui la quatrième place de sa finale. 
Neuf autres Français participeront aux finales de leur catégorie ce samedi, sixième et dernier jour des Mondiaux 2023. Vice-championne du monde en titre, la France est à la lutte avec les Etats-Unis et le Brésil pour la victoire finale par équipe. 
Compte rendu de la Fédération Française de Surf

L’équipe de France à Huntington Beach ©ISA/Evans

Monsieur Eric Dargent : sept participations, quatre médailles… d’argent. Le jeu de mot sur son patronyme a tellement été fait qu’on ne rajoutera pas une pièce. Ce vendredi, on y a cru. Davantage encore que les autres fois. Parce que, cette fois, le spot de Huntington Beach semblait taillé sur mesure pour le Martégal. A l’aise quand ça pousse. Pour preuve, il était sorti en tête des qualifications avec le meilleur total sur les deux passages. Vendredi, à marée basse dans un Huntington Beach des petits jours, Dargent s’est battu, a enchaîné les droites, les gauches, a donné le meilleur de lui-même. Mais il n’a pas pu battre le Brésilien Dijackson Santos, lequel ne surfe pas avec une prothèse mais en prenant appui sur un bras. Une asymétrie qui lui permet de s’appuyer sur sa jambe valide et une partie de celle amputée. La classification est ainsi faite que le nouveau champion du monde dispose de trois appuis qui lui permettent de manœuvrer plus facilement que ses adversaires. Alors, non, Eric Dargent n’a pas à rougir. Bien au contraire, il est le meilleur surfeur au monde amputé fémoral avec prothèse. Et cette médaille d’argent a le gout de la victoire sur son histoire, et sur celle de cette équipe de France qui attend toujours son premier champion du monde individuel. 

Eric Dargent ©ISA/Barboza

Guillaume Colin deux finales en 11 mois

Juste avant Dargent, Guillaume Colin s’est essayé mais n’a pu rivaliser face à la furie de l’invincible Felipe Kizu Lima. Un autre Brésilien qui a éteint les rêves de victoire. En bronze l’an dernier, Colin glisse d’une place cette fois-ci. A contre-temps dans les échanges, le Français était parvenu à revenir dans la partie et à titiller le Sud-Africain Douglas Hendrix pour le podium et l’Américain Ethan Karier pour la médaille d’argent. Sur sa dernière tentative, Colin accrochait le rail et restait coincé en haut de vague. Une déception pour le perfectionniste dont la sérénité et la rigueur sont des atouts majeurs pour l’équipe de France. 

Guillaume Colin ©ISA/Barboza

Ses collègues devront s’en inspirer ce samedi à l’heure de l’emballage finale de ces 8es Mondiaux de l’International Surfing Association. La France a placé en finale 11 athlètes sur les 18 sélectionnés pour le déplacement américain. Un record ! Et un sacré paquet de points qui tombent dans la besace bleue. 
Premier à l’eau aujourd’hui et au lever du jour (7h locales, 16h françaises), Le Médocain Pierrot Gagliano a la technique, la planche, le charisme, le physique et le grain de folie nécessaire pour confirmer sa supériorité dans la catégorie visuel 2 (mal voyant). Sorti largement en tête des qualifications, Gagliano peut devenir champion du monde si les vagues viennent à lui. Avec son guide Augustin Mignerey, ils forment un duo redoutable qui devra avant tout composer avec l’océan. Quatrième des qualifications, Lou Méchiche s’améliore de jour en jour. Outsider de la finale visuel 2 dames, la Canaulaise part sans pression et pourrait créer la surprise si elle nous refait le coup tactique du tour précédent en compagnie de son guide Julien Caste.  

Pierrot Gagliano ©ISA/Barboza

Thomas Dasilva peut le faire

Vice-champion du monde l’an passé, Thomas Dasilva est bien décidé à « tout casser » cette fois-ci. Le jeune basque est certainement le meilleur de la catégorie visuel 1 (non voyant) mais il n’est pas à l’abri d’une faux-pas. En témoigne son deuxième tour où il a plus pêché que surfé. Nul doute qu’avec son guide Serge Lougarot, il saura corriger l’affaire pour aller décrocher cette lune à la couleur dorée. Dasilva sorti de l’eau, Valentine Moskoteoc et Juliette Mas (visuel 1) y entreront à leur tour avec leurs guides François Gouffrant et Jean-Marc St Geours. Moskoteoc (13 ans) avait remporté la médaille d’argent l’an passé à Pismo Beach, Mas découvre la compétition à seulement 11 ans. Derrière l’intouchable Marta Paço (Portugal), tout est ouvert pour la distribution des médailles et nos deux jeunes françaises ont le droit de laisser l’Espagnole Carmen Lopez derrière elles. 

Céline Rouillard ©ISA/Barboza

Céline Rouillard retrouve elle aussi la finale en prone 2. Quatrième l’an passé, elle a fait des progrès considérables, changé de planche et a construit une belle complicité avec son guide Johan Poncet. Le choix de vagues a été leur arme de destruction favorite la nuit dernière pour se hisser dans le dernier carré. Elle aussi n’a rien à perdre et tout à gagner. En bronze à Pismo, Emmanuelle Blanchet a bien failli regarder la finale kneel depuis la plage. La Vendéenne est allé arracher sa qualification au fond des tripes vendredi à Huntington. Ses prises de risques sont parfois payantes, souvent trop osées. Mais on ne se refait pas et c’est ce qui lui permet, aujourd’hui encore, de (re)jouer le titre mondial pendant 25 minutes. 

Emmanuelle Blanchet ©ISA/Barboza

Phipps le retour en grâce

Symbole de la résilience, Laurie Phipps est passé de l’enfer au paradis en 48 heures. Médaillée de bronze l’an dernier en stand 2, la Landaise a passé son premier tour a ramé sans surfer. Elle s’est réveillée avec fracas mercredi en sautant de la dernière à la première place des qualifications ; Dans un bon jour, Phipps a la technique et les planches pour aller chercher l’or. Entourée de personnes qui la connaissent depuis toujours, elle n’a qu’à se lâcher et surfer comme à la maison pour que la suite se déroule comme dans un rêve. 

Maxime Clarkin ©ISA/Barboza

De rêve, le jeune Maxime Clarkin en vit un éveillé. A 13 ans, le petit Biarrot qui adore l’équitation et les matchs du BO, vient de se qualifier pour la finale de la catégorie stand 1 Open. Sa qualification pour les demi-finales était déjà une sacrée performance. Celle pour la finale est un exploit majuscule. Preuve en est, le Brésilien Roberto Pino, champion du monde et archi favori après son 20/20 en demis, est venu le féliciter à sa sortie de l’eau. Clarkin aussi n’aura rien à perdre puisqu’il a déjà tout gagné. Cette graine de champion au rire contagieux apporte toute la fraîcheur nécessaire au groupe France qui rayonne depuis le début de la semaine.

La France entre dans le money time 

La nuit dernière, quatre tricolores se sont arrêtés aux portes des finales. Philippe Naud (stand 2) n’a jamais trouvé la solution à marée haute et son option n’a pas payé. Il prend la 7e place au général. Maxime Cabanne est lui aussi 7e (kneel). « Maixi » n’a jamais eu l’opportunité de disputer les meilleures vagues dans sa demi mais, une fois encore, a démontré qu’il ne lâchait rien. Béatrice Duran (prone 2) comme Thomas Spetebroot (visuel 1) continuent d’apprendre. Leur 5e place est un formidable encouragement pour les compétitions à venir. Toutes ces places d’honneur rapportent elles aussi de précieux points à l’équipe de France dans la course à la victoire finale au classement des nations. A la lutte avec les Etats-Unis, les champions du monde en titre qui jouent à domicile depuis toujours, et le Brésil qui a déjà deux champions du monde, la France entre dans le money time avec un maximum d’atouts. 

Béatrice Duran ©ISA/Barboza

La réaction d’Eric Dargent, vice-champion du monde

« On va dire que je suis abonné à cette place (rire). Je n’ai pas de regret. Les vagues étaient toutes petites pour moi et c’est difficile d’avoir les appuis. J’ai essayé d’appuyer au max dans mes manoeuvres. Mais voilà, il me faut un peu plus de taille pour arriver à taper un peu plus. S’il y a un regret, c’est plutôt qu’on n’a pas eu une finale avec plus de taille de vagues. Encore une fois. Les grosses vagues me permettent de m’exprimer totalement. Cela dit, les adversaires étaient de taille, surtout celui qui est passé devant moi. Le challenge est de toujours m’améliorer, de toujours aller de l’avant. Et surtout, il y a l’équipe. On est nombreux à aller en finales cette année. Il y a Guillaume qui vient de passer (4e place en sit), et puis plein d’autres qui vont y surfer demain (samedi). On va être derrière eux pour les encourager et on espère remporter cette médaille d’or par équipe ! »

Eric Dargent ©ISA/Barboza

LE PROGRAMME DE SAMEDI (heure française) 

Suivez l’équipe de France en LIVE sur https://isasurf.org 

16h00 : Pierrot Gagliano  (visual 2, FINALE)
16h25 : Lou Méchiche (visual 2, FINALE)
16h50 : Thomas Dasilva (visuel 1, FINALE)
17h15 : Valentine Moskoteoc et Juliette Mas (visuel 1, FINALE)
18h05 : Céline Rouillard (prone 2, FINALE)
19h20 : Emmanuelle Blanchet (kneel, FINALE)
20h35 : Laurie Phipps (stand 2, FINALE)
21h00 : Maxime Clarkin (stand 1, FINALE)


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