Le Jaws Challenge stoppé car trop dangereux

La WSL a-t-elle fait le bon choix d'arrêter l'event ? Chez les surfeurs, les avis divergent.

27/11/2018 par Marc-Antoine Guet

Les filles venaient de terminer et Keala Kennelly de triompher. C’était donc au tour des hommes de se lancer dans la machine à broyer. Un Jaws XXL, venté et dangereux. Le premier heat masculin a encore grossi par rapport à la compétition féminine un peu plus tôt dans la journée.

Mais bien qu’ayant à faire aux meilleurs chargeurs du monde, aucun n’arrive à terminer une vague. Personne ne résiste au drop monstrueux, et tous ont passé un sale moment dans la machine à laver. Russell Bierke, Billy Kemper, Mark Healey… Si même eux n’y arrivent pas !


Mais voilà. Alors que devant notre écran nous nous préparions à un event historique, une petite voix d’un commentateur vient nous avertir que la WSL aurait décidé de placer l’event off pour le reste de la journée. L’excuse ? « Jaws devient trop dangereux. C’est une décision difficile, mais la sécurité doit rester la priorité numéro 1 ». Les mots viennent de Mike Parson, le WSL commissioner, qui ne souhaite certainement pas être responsable de la mort d’un surfeur et on peut le comprendre.

Il est vrai que quelques minutes plus tôt, Grant « Twiggy » Baker, récent vainqueur du Nazaré Challenge, venait de rejoindre le bateau de secours après un wipeout XXL, décidant par la même occasion de ne pas retourner au line-up pour la fin du heat. Sans parler de la Française Justine Dupont qui, quelques heures plus tôt, s’est luxée l’épaule et le genou. Même Billy Kemper a eu du mal à reprendre son souffle après 2 vagues passé sous l’eau. Il était pourtant contre le fait d’arrêter l’épreuve.

« Si on arrête, quelqu’un va remporter le titre de ride de l’année en free surf. Oui c’est dangereux mais c’est ce pour quoi on vit et s’entraîne. On se bat pour le titre du Big Wave Title non ? Vous voulez les vagues les plus grosses et dangereuses ? On y est là ». 

Alors la WSL a-t-elle pris la bonne décision ? Aujourd’hui le débat fait rage. Si notre avis de simple spectateur bien assis dans notre canapé ne compte évidement pas, celui des principaux concernés est à écouter avec attention. Des propos recueillis par Stab.

Russell Bierke : « Je pense que c’était la bonne décision. C’était un vrai carnage. Le swell continuait de grossir et le vent aussi. Si cela avait été glassy pourquoi pas, ça aurait été différent. La période de 20 secondes n’a pas aidé non plus. Je n’arrive toujours pas à me rendre compte de la rapidité de ces vagues ». 


Greg Long : « C’était vraiment la bonne décision. Une longue période comme ça, avec ce vent c’est presque impossible à la rame. Une seule vague a été vraiment surfée dans le premier heat. Avec la houle en augmentation et le vent qui forcissait, cela serait devenu encore plus dangereux ».

Lucas Chumbo Chianca : « Bonne décision. C’était trop dur à la rame » (il a pourtant continué à surfer en free surf après que la compétition ait été arrêtée).

Nathan Florence : « Je n’en sais rien en fait. C’était tellement énorme. Les limites auraient été repoussées mais la limite aurait pu aussi être atteinte ». 

Grant Twiggy Baker : « Avec ces 20 secondes de période c’était très compliqué. Il y avait probablement trop de risque de perdre quelqu’un pour continuer. Mais c’était les 45 minutes les plus folles de ma vie de surfeur ».


Ryan Hipwood : « Je n’ai jamais vu Jaws aussi gros. Et aussi venté ». 


Francisco Porcella : « C’était la bonne décision. Que des wipeouts… Je pense que si nous voulons surfer des vagues plus grosses dans ce genre de compétition il faudrait commencer à envisager le tow-in (…) comme ça si ça devient trop venté pour prendre les vagues à la rame, on peut continuer la compétition ». 

Shane Dorian : « C’était une décision difficile à prendre. C’est devenu encore plus gros et plus venté après que l’event ait été reporté. Je pense vraiment que quelqu’un aurait pu être sérieusement blessé s’ils avaient continué. C’était un après-midi pour du tow-in, pas de la rame ».

Albee Layer : « J’avais vraiment envie de surfer. J’avais tellement hâte. Ne vous trompez pas, oui c’était effrayant. Terrifiant même. Mais merde. C’est ce que l’on est supposé faire non ? « 

La compétition doit reprendre ce soir, mais le swell est annoncé en baisse et le vent en hausse. 

                           


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1 commentaire

  • GabJi
    28 novembre 2018 11h04

    Je m’était fait la même réflexion que Francisco, pour quoi ne pas passer en tow-in lorsque ça devient vraiment trop gros ?
    Vu le show hallucinant de Kai Lenny dans l’après-midi, les heats en tracté auraient pu être historiques!
    Des bises.

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