Russie : mais que se passe-t-il au Kamtchatka ?

Depuis plusieurs jours, des cadavres d'animaux marins sont retrouvés sur les plages de la péninsule pour une raison inconnue. Greenpeace parle de "catastrophe écologique".

06/10/2020 par Rédaction Surf Session

Après le naufrage du Wakashio en août dernier près de l’île Maurice, sommes-nous en train d’assister à un nouveau désastre écologique ?
Depuis plusieurs jours, la péninsule du Kamtchatka, bordée par la mer de Béring à l’Extrême Orient de la Russie, est jonchée de cadavres d’animaux marins. Des carcasses de phoques, de poulpes, d’oursins à n’en plus finir sont retrouvés autour de la plage de Khalatyr et de la baie d’Avacha. Greenpeace a dénoncé jeudi une « catastrophe écologique ».

Selon les analyses, il y aurait « 4 fois plus de produits pétroliers et 2,5 fois plus de phénol et d’autres substances » présents dans l’eau que ce qu’autorisent les normes. Les causes de la pollution restent pour le moment inconnues.

Anton Morozov, le directeur de Snowave, une école de surf populaire du Kamtchacka est un témoin direct de la situation. D’après ses propos relayés sur son compte Instagram, cela fait trois semaines que « tout le monde a commencé à ressentir d’étranges symptômes désagréables après avoir surfé » notamment des douleurs aux yeux, à la tête et à la gorge ainsi que des vomissements et des fortes fièvres…

L’eau aurait également une odeur et un goût inhabituels. « Beaucoup ont commencé à quitter
l’océan à la hâte. Les symptômes apparaissent même sans contact avec
l’eau. Le poison serait charrié depuis un mois par une rivière se jetant
dans l’océan
 » a raconté Anton Morozov.

Des surfeurs ont également décrit au Siberian Times le comportement étrange d’animaux. Par exemple, « les phoques se comportent comme s’ils étaient en transe. Ils refusent de plonger et restent à la surface le plus de temps possible« .

Telle est la situation. Pourtant, deux problèmes se posent.

Premier problème, l’origine de ces substances n’est pas connue. Comme le souligne justement Anton Morozov « si les personnes responsables de cet évènement étaient plus courageuses, déclaraient leur erreur et commençaient des opérations de sauvetage, l’ampleur pourrait être maitrisée« .

Pour Vasily Yablokov, chef du projet climatique de Greenpeace en Russie,
l’urgence se trouve aussi dans l’identification de la source de pollution
afin de prendre les mesures nécessaires et prévenir une nouvelle pollution :
« La pollution de la zone d’eau près de la plage a déjà entraîné la mort
d’animaux marins et l’empoisonnement de personnes. La nature unique du
Kamtchatka, patrimoine naturel mondial de l’UNESCO, est menacée. L’une
des meilleures plages de Russie, l’une des principales attractions
touristiques de la région met la vie en danger et remet en cause le
développement du potentiel touristique de la région
« .

Deuxième problème, au-delà de ce manque d’informations qui empêche de pouvoir réagir efficacement, les autorités font la sourde oreille. Les autorités locales n’ont annoncé ni accident industriel ni évènement inhabituel.

Dmitri Kobylkine ministre de l’écologie a pour sa part déclaré à la télévision qu’aucun niveau de produits pétroliers ou chimiques n’avait été détecté dans les échantillons prélevés. Le ministre parle plutôt d’un phénomène naturel : « après les tempêtes, il y a une augmentation de la toxicité des micro-organismes dans cette zone qui provoque des changements de la teneur en oxygène« . 

En réaction au partage massif de témoignages de la situation sur les réseaux sociaux, les autorités locales ont publié sur Instagram la photo d’une plage ensoleillée pour prouver que « la couleur de l’eau est normale », que « l’odeur de l’air est normale » et que « l’eau est parfaitement propre ».

Ce week-end, le gouverneur du Kamtchatka a cependant menacé de licencier toute personne ayant volontairement tenu secret la gravité de la situation. Il a également promis des analyses afin d’éclaircir la situation tout comme le Comité d’enquête russe.

Pour le moment, deux hypothèses quant à l’origine de ces substances sont proposées. Des experts cités par le journal Novaïa Gazeta et l’agence de presse publique RIA Novosti supposent une fuite de carburant de fusée appelé heptyle, le Kamtchatka accueillant de nombreuses installations militaires. L’agence de presse russe parle quant à elle d’une fuite venant d’un pétrolier commercial.

Greenpeace a contacté les autorités afin de « demander une
enquête immédiate sur les causes de la pollution, une évaluation de
l’ampleur et l’élimination urgente des conséquences
« . 

>> Suivez les témoignages de @snowave_kamchatka

>> Par Flora Etienne
 

         


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