Brian Furcy, rencontre avec une pépite du surf mauricien

"Le surf m'a empêché de tomber dans le mauvais chemin, loin de la drogue qui fait des ravages sur notre île".

17/03/2021 par Marc-Antoine Guet

Brian Furcy, 27 ans, est un prodige du surf Mauricien. Natif de Tamarin, sa passion pour le surf est née à l’âge de 11 ans lorsque son oncle Toyo Bauda et son pote Gunther, pionniers du surf sur l’île, lui ont offert sa première planche pour pouvoir scorer la baie de Tamarin.

Avec le temps, Brian a fini par se démarquer des autres surfeurs. Inspiré et poussé par les meilleurs de l’île, le jeune surfeur a fait son chemin en intégrant notamment le WQS avec la World Surf League Africa. Cela fait 2 ans désormais que Greg Pearson CEO de Getaway Real Estate Africa accompagne Brian Furcy dans l’évolution de sa carrière. Lui qui aide aussi d’autres surfeurs africains dans le besoin afin de leur apporter le support nécessaire pour se développer.

Nous avons pu rentrer en contact avec Brian via Maxwell Gifted, notre photographe correspondant sur place, auteur également de toutes les photos que vous verrez ci-dessous. 

Entretien !

brian furcy maurice
© Max Gifted
brian furcy maurice
© Max Gifted
brian furcy maurice
© Max Gifted

« Le surf m’a empêché de tomber dans le mauvais chemin, loin de la drogue qui fait des ravages sur notre île ».

Brian, comment s’est passée cette année étrange du côté de l’île Maurice ?

Brian Furcy – En 2020, j’ai eu la chance de faire un surf trip en Indonésie avec un groupe de potes. Nous sommes allés dans le sud ouest de Sumatra, à Tanjung Setia plus exactement et les vagues étaient au rendez-vous. C’est seulement à mon retour de ce trip que la pandémie a commencé à faire des ravages partout dans le monde. J’ai eu la chance de rentrer juste avant que les frontières de notre île se ferment. Nous avons ensuite été en Full Lockdown pendant 3 semaines, tout était fermé. Ce fut compliqué pour beaucoup de gens qui n’avaient pas accès aux commerces essentiels, sans compter la crise que nous vivons actuellement sur l’île.

Après le lockdown, j’ai repris ma préparation physique avec mon pote Moussa. Une fois cette dernière terminée, j’ai scoré toute la saison hivernale pour ensuite participer au championnat national de l’île que j’ai gagné devant tous mes potes. Cela restera un souvenir extraordinaire.

A quoi ressemble la vie d’un jeune surfeur pro du côté de l’île Maurice ? 

B.F – La vie d’un jeune surfeur pro à Maurice c’est de se lever et vivre dans un cadre paradisiaque avec des vagues incroyables à 2 pas de chez toi.

Ma routine est simple, je check les prévisions la veille, puis, à mon réveil, si les conditions sont là, j’appelle quelques potes pour venir déchirer les vagues ensemble jusqu’au sunset. Si c’est flat, je prends mes baskets et je vais courir. Ou alors je vais marcher en montagne pour me changer les idées et garder la forme pour les prochains swells.

Le gros inconvénient ici est que nous n’avons pas de Fédération de surf sur l’île. J’aurais aimé participer aux Jeux olympiques de Tokyo afin de pouvoir représenter les belles couleurs de notre pays et partir à la rencontre de grands athlètes.

Pourquoi avoir choisi le surf ? 

B.F – J’ai choisi le surf parce que c’est un sport qui m’a permis de rencontrer beaucoup de gens formidables. Cela m’a aussi empêché de tomber dans le mauvais chemin, loin de la drogue qui fait des ravages malheureusement sur notre île. Le surf a contribué à mon bien-être et m’a appris plus de choses que l’école a pu m’apporter ces dernières années.

Qu’est-ce qui est le plus difficile quand on grandit sur l’île Maurice et que l’on souhaite devenir surfeur pro ? 

B.F – Ce qui est difficile c’est le manque de moyen dont nous disposons venant de notre gouvernement. Notre sport n’est pas reconnu et pourtant ce n’est pas les vagues et les surfeurs qui manquent chez nous !

Je suis victime aussi de discrimination à cause de ma couleur de peau. Certains sponsors sur l’île valorisent d’autres couleurs que la mienne et j’aimerais que cela soit different à l’avenir. Que ce soit pour moi ou pour la future génération de surfeurs qui a la même couleur de peau que moi et qui aime ce sport autant que moi.

Je suis suffisamment mature et responsable pour pouvoir représenter une marque et son image sur de grandes compétitions internationales.

Qu’est-ce que le surf représente pour les jeunes Mauriciens ? 

B.F – Le surf représente beaucoup de choses pour la nouvelle génération. Une nouvelle génération qui est inspirée par le parcours des anciens qui ont percé sur l’île. Le surf a autant de place dans leur vie que dans la mienne. Ils ont tous des rêves plein la tête et j’espère qu’ils vont pouvoir se réaliser comme moi j’ai pu réaliser les miens.

Le plus important c’est qu’ils soient sur une planche loin de la drogue et du mauvais chemin. Le surf est un art de vivre avec une culture profonde que je vis au quotidien à Tamarin et je veux pouvoir le transmettre à l’avenir.

Si tu avais le pouvoir de prendre une décision sur l’île Maurice ça serait laquelle ?

B.F – Si j’avais le pouvoir de prendre une décision aujourd’hui sur Maurice ce serait de donner la chance aux surfeurs de l’île d’avoir accès à plus d’équipements adaptés à notre sport. Nous n’avons pas vraiment de marque de surf sur l’île pour nous donner le choix d’équipements dont nous avons besoin pour progresser.

brian furcy maurice
© Max Gifted
brian furcy maurice
© Max Gifted

Quels sont les pays où tu aimerais partir en trip et pourquoi ?

B.F – Les pays que je voudrais visiter ?  Il y en a beaucoup !

Je voudrais partir en trip aux Mentawaii, il y a des vagues de dingues là-bas avec de très beaux paysages. Puis après, probablement faire un tour à Hawaï et scorer Pipeline à côté des plus grands de notre sport. Sans oublier de passer par le Surf Ranch de Kelly Slater et caler quelques tubes sur cette jolie droite. J’aimerais aussi faire un tour en Australie à Snapper Rock et surfer quelques vagues avec Mick Fanning et pour terminer, rendre visite à la belle Teahupoo. Il faut dire que chaque spot m’inspire à rencontrer leurs légendes (rires). 

Quels sont tes exemples aujourd’hui ?

B.F – Mes exemples aujourd’hui au niveau des pros c’est Griffin Colapinto et Ethan Ewing. J’aime beaucoup leur style de surf et leur style de vie ainsi que les sponsors qui les accompagnent. Ils me font beaucoup penser à Andy Irons.

Et sur Maurice ? C’est mon meilleur pote Patrick Ricco qui m’inspire le plus. Il était là depuis le début et il m’a toujours soutenu pour être le surfeur que je suis aujourd’hui. Son style de surf et son parcours de vie sont un exemple pour moi, même s’il ne compte plus le nombre de planches que je lui ai cassé (rires). C’est quelqu’un qui a toujours été là pour moi comme pour beaucoup d’autres gars sur Maurice.

Raconte-nous l’histoire de ta première planche.

B.F – Ma première planche, c’est Gunther, un des pionniers du surf de l’île et un ami de mon oncle Toyo qui me l’a donné. A l’époque, je n’avais pas les moyens de m’acheter une planche. De mémoire, je crois que c’était une « Lost » en 5.8 mais j’ai oublié le litrage. Cela m’a changé des planches de débutants, ce qui m’a amené à surfer en thruster jusqu’à aujourd’hui.

Comment tu te vois dans 3 ans ?

B.F – Je rêverais d’intégrer le CT en espérant que la crise avec la Covid-19 soit bientôt terminée.

As-tu des projets en cours ?

B.F – Oui je bosse sur un projet en ce moment, une vidéo qui montrera la qualité de mon surf ainsi que mon style de vie et les gens qui m’entourent depuis le début de mon évolution ! 

brian furcy maurice
© Max Gifted
brian furcy maurice
© Max Gifted
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© Max Gifted

Vous pouvez suivre Brian Furcy sur Instagram mais aussi le photographe Maxwell Gifted       


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