La World Surf League annonce une nouvelle politique pour les athlètes transgenres

Bethany Hamilton a déjà fait savoir qu'elle ne participerait plus à des compétitions WSL s'ils autorisaient les hommes biologiques à surfer dans les épreuves féminines.

06/02/2023 par Marc-Antoine Guet

C’est LE sujet qui tourne actuellement partout sur la planète surf depuis quelques heures. 

La World Surf League a en effet annoncé ce week-end qu’elle allait adopter en matière de transexualité, la politique de l’International Surfing Association (ISA) pour tous ses circuits. Une politique qui devrait entrer en vigueur immédiatement.
Concrètement, qu’est-ce-que cela veut dire ? Tous simplement, qu’avec cette politique, les surfeurs nés hommes, sous certaines conditions (lire plus bas), peuvent participer à des compétitions féminines. 
Cette politique, que l’ISA a publié pour la première fois en octobre 2022, stipule que si les athlètes nés homme à la naissance maintiennent un taux de testostérone inférieur à 5 nmol/L (nanomoles par litre) de manière continue au cours des 12 mois précédents, ils pourraient alors participer à un événement féminin. 
« La WSL travaille dur pour équilibrer l’équité et la justice et il est important qu’une politique soit mise en place », a déclaré Jessi Miley-Dyer, WSL Chief of Sport, à nos confrères de chez The Inertia. « Nous reconnaissons cependant que cette politique peut avoir besoin d’évoluer au fil du temps, à mesure que nous recevons des commentaires et que de nouvelles recherches sont publiées dans le domaine ».
Alors que ce sujet de classification des athlètes transgenres a balayé tous les sports ces derniers mois, la pression s’est intensifiée dans le surf lorsque la surfeuse transgenre Sasha Jane Lowerson a remporté en mai 2022, l’open féminin et les divisions logger des Western Australian Longboard State Titles, devenant par la même occasion, la première athlète ouvertement transgenre à remporter une compétition de surf.
D’après Jessi Miley-Dyer, cette décision de la WSL de s’aligner sur la politique sportive des ISA aurait été prise par les dirigeants de la WSL (dont elle-même), après concertation avec le médecin en chef de la WSL, le Dr Allan MacKillop. C’est ce que nous apprennent nos confrères de chez The Inertia bien informés sur le sujet. 

« Nous avons eu de nombreuses conversations avec de nombreux groupes d’intervenants différents », a déclaré Miley-Dyer en expliquant le processus de sélection des politiques qui a eu lieu au cours des derniers mois. « Nous reconnaissons que l’ISA a adopté une approche très volontaire ».



Les athlètes transgenres organiseront eux-mêmes leurs tests
En ce qui concerne la façon dont la WSL confirmera qu’un athlète a bien rempli les conditions d’admissibilité, la responsabilité des tests incombera à chaque surfeur.
« La WSL ne testera pas elle-même les athlètes transgenres [pour les niveaux de testostérone] », a expliqué Miley-Dyer. « Ces derniers organiseront leurs propres tests, puis viendront voir notre médecin en chef pour obtenir une conversation confidentielle avec lui avant de lui montrer les documents médicaux requis. »
Le seuil de testostérone établi par la WSL et l’ISA est le même que celui demandé par World Rowing (la Fédération internationale des sociétés d’aviron) ainsi que par la Fédération internationale de tennis. Alors que de nombreux sports olympiques n’ont toujours pas de politique officielle concernant les athlètes transgenres, celle du surf en la matière pourrait être considérée comme faisant partie des moins strictes publiées à ce jour. 
À titre de comparaison, l’UCI (l’Union cycliste internationale) exige que les athlètes transgenres soient testés en dessous de 2,5 nmol/L pendant 24 mois pour être éligibles. World Athletics propose d’utiliser la même approche. Quant à la Fédération internationale de natation et World Rugby, elles ont mis en œuvre des politiques qui interdisent aux femmes transgenres de concourir dans une division féminine. 
Pour replacer les niveaux de testostérone dans leur contexte, il faut savoir que les niveaux moyens se situent entre 10 et 35 nmol/L chez les hommes, et entre 0,5 et 2,4 nmol/L chez les femmes.
Maintenant que la WSL et l’ISA se sont alignés sur une politique commune concernant les athlètes transgenres qui couvre toutes les épreuves de qualification olympique, on peut imaginer que cette même politique soit étendue à la compétition olympique de surf elle-même. Toutefois, aucune annonce officielle n’a été faite à ce sujet et Miley-Dyer a fait remarquer qu’en fin de compte, cette décision appartiendra à l’ISA.
En France, le sujet des athlètes transgenres avait commencé à se médiatiser dès 2021, quand Alana McLaughlin, athlète transgenre de MMA, avait remporté sa première victoire depuis son changement de sexe face à la Française Céline Provost provoquant ainsi de nombreux débats sur le sujet, y compris au sein de la communauté LGBT. 

Bethany Hamilton a déjà fait savoir qu’elle était contre cette décision
À travers un post instagram publié hier, la surfeuse Bethany Hamilton a fait savoir son mécontentement quant à cette décision qui permettrait aux femmes transgenres de concourir au plus haut niveau du surf professionnel contre d’autres femmes.
L’Hawaïenne soulève des questions sur le changement de règle, se demandant si les surfeurs professionnels avaient été consultés à ce sujet au préalable, tout en se demandant où cela va mener. Bethany a même menacé de boycotter les événements de la World Surf League si cette décision n’était pas annulée.

« La World Surf League a officiellement établi la règle selon laquelle les individus à corps masculin connus comme des athlètes transgenres peuvent officiellement concourir dans la division féminine », a-t-elle déclaré. « La World Surf League dit qu’elle suit les directives olympiques (…) mais cela me concerne en tant qu’athlète professionnelle qui participe à des compétitions depuis plus de 15 ans (…) Personnellement, je ne participerai pas à des compétitions de la World Surf League et ne la soutiendrai pas si cette règle est maintenue (…) Je sens que je dois prendre la parole et me tenir debout pour les autres qui ne peuvent ou ne veulent pas s’exprimer à ce sujet par peur d’être ostracisé. A-t-on demandé à l’un des surfeurs actuels de la World Surf League ce qu’il pensait de cette nouvelle règle avant qu’elle ne soit adoptée ou annoncée ? Ne devrait-il pas y avoir avoir un débat ? Un taux d’hormones est-il une représentation honnête et précise que quelqu’un est effectivement un homme ou une femme ? Est-ce aussi simple que cela ? Qui fait pression pour cet énorme changement ? Est-ce que c’est mieux pour le surf ? Est-ce que c’est mieux pour les femmes dans le surf ? Si oui, comment ? » avant d’ajouter qu’elle « s’efforçait d’avoir de l’amour pour toute l’humanité, quelles que soient les différences. »


La solution selon elle ? 
« Je pense personnellement que la meilleure solution serait de créer une division différente afin que toutes puissent avoir une chance équitable de montrer leur passion et leur talent. Je pense qu’il est vraiment difficile d’imaginer ce que sera l’avenir du surf féminin dans les 15-20 prochaines années si nous permettons ce changement majeur. »

Le sujet n’a pas fini de faire parler et sera probablement à suivre de près dans les prochains jours.  

                  


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