Le coup de gueule de Gabriel Medina après le Surf Ranch

Les critères de notation de la WSL remis en cause.

29/05/2023 par Maia Galot

Éliminé en quarts de finale par Ethan Ewing lors de l’épreuve du Surf Ranch, Gabriel Medina a adressé via ses réseaux sociaux une lettre publique à la WSL. Les reproches fait par le Brésilien concernent le jugement en compétition WSL. D’après le triple champion du monde, les manœuvres engagées sur les sections critiques ont été retirées des critères, au profit d’un surf plus simple qui ne laisse par la place à la progression et à la variété dans le sport. Selon Medina, qui a signé sa lettre de son nom mais aussi du nom de son pays, ce manque de reconnaissance sur la créativité pourrait à termes éloigner les fans et les sponsors du sport, devenu trop inéquitable et injuste.

Pour un peu de contexte sur cette dernière épreuve, Ewing et Medina ont fini leur heat avec le même total de 16.17 point, mais le premier l’a emporté sur le second, ayant scoré la meilleure vague de la série (9.07). Si cette compétition était peut-être la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, ces remarques et cette insatisfaction ne datent pas d’hier (comme le mentionne d’ailleurs Medina) en témoignent les nombreux commentaires de surfeurs professionnels et acteurs du milieu qui ont acquiescé à ces propos.

« Chère WSL,

Veuillez comprendre l’importance de cette discussion. Le surf est ma vie et mon amour pour ce sport est inconditionnel. Je surfe avec passion et j’ai l’intention de laisser un bel héritage lorsque je regarderai en arrière un jour. Cependant, la communauté des surfeurs, en particulier la communauté des surfeurs brésiliens, a été consternée par le manque de clarté et l’incohérence dans la définition des notations depuis de nombreuses années, mais dernièrement, cela a été encore plus choquant. Il est clair que l’évaluation des juges récompense désormais un surf très simple, des transitions incomplètes et que la progression et la variété sont complètement éliminées de l’équation. C’est très frustrant et cela menace la croissance du sport. Les fans et les sponsors n’accepteront pas que cette situation perdure et, dans un avenir proche, ils finiront par s’en détourner car ils attendent un jugement équitable et juste pour le sport. Il est également important de noter que de nombreux entraîneurs ont eu l’occasion de parler à la WSL après les heats/étapes pour discuter de la PROGRESSION et de la VARIÉTÉ dans les critères et du manque d’appréciation des manœuvres. Les réactions reçues sont toujours très défensives, avec de mauvais exemples pour illustrer leurs arguments. Il est urgent que la WSL clarifie ses critères et applique un jugement équitable pour préserver l’évolution du sport.« 

LEMOORE, CALIFORNIA - MAY 28: Three-time WSL Champion Gabriel Medina of Brazil surfs in Heat 3 of the Quarterfinals at the Surf Ranch Pro on May 28, 2023 at Lemoore, California. (Photo by Pat Nolan/World Surf League)
Gabriel Medina. Surf Ranch Pro ©Pat Nolan/World Surf League

Suivi par plus de 11 millions de personnes, le message de Gabriel Médina ne passe pas inaperçu. Parmi ceux semblant relier sa cause, on a pu lire en commentaires des mots de Julian Wilson qui a lui-même taggué le CEO de la WSL, Erik Logan : « @elo_eriklogan @wsl perdre le respect des surfeurs c’est perdre votre produit. Ça a toujours fonctionné ainsi. Ça ne fait peut-être pas de gros cachets, mais ça assure le meilleur show. »

Côté brésilien, Filipe Toledo s’est contenté d’un « merci frère ! » tandis que Lucas Chumbo a ajouté « Tu as tout dit. Il faut beaucoup aimer ce sport pour supporter ce que fait la WSL. Mais une fois de plus nos idoles ont donné des leçons et ont montré pourquoi nous sommes le pays du surf. Tu es une source d’inspiration ». Certains surfeurs français se sont aussi exprimés, à commencer par les anciens pensionnaires du CT Jeremy Florès (« Sans voix. Vous savez déjà ce que je pense de tout ça.« ) et Michel Bourez (« Histoire vraie« ) ou encore Jorgann Couzinet qui s’est contenté d’applaudir virtuellement les propos du champion du monde. Et la liste est encore longue (Joao Chianca, Jack Freestone, Caio Ibelli, Adriano de Souza, Taylor Knox…), tandis que la publication comptabilise à date plus de 14000 commentaires.

MARGARET RIVER, WESTERN AUSTRALIA, AUSTRALIA - APRIL 28: Three-time WSL Champion Gabriel Medina of Brazil prior to surfing in the Final at the Western Australia Margaret River Pro on April 28, 2023 at Margaret River, Western Australia, Australia. (Photo by Aaron Hughes/World Surf League)
Gabriel Medina Margaret River Pro ©Aaron Hughes/World Surf League

Ce post soulève donc à nouveau le débat sur les critères de notation. Quand les airs ont fait leur apparition dans le surf en compétition, ils ont obligé les critères de jugement à s’adapter à une manœuvre aussi impressionnante. La manoeuvre innovante a été indéniablement valorisée à sa juste valeur à son arrivée sur le circuit. Si depuis le sport continue d’évoluer, les changements qui s’opèrent sont moins radicaux et la structure du sport ne semble pas suivre, ce que déplorent nombre de surfeurs. Qu’en est-il des nuances plus fluides ? Des approches plus variées propres au style ou à l’approche expressive/artistique de chacun ? La base des critères de notation du surf se voulait être fondée sur des manoeuvres engagées dans les sections les plus critiques des vagues. Selon Medina, ce n’est aujourd’hui plus le cas. Que devient le sport si ces dernières changent ? Et comment sont censés s’adapter ces surfeurs et surfeuses au plus haut niveau qui mettent leur expertise et leur travail à la poursuite de ces critères de notation depuis des années ? Comment rétablir l’équité sur le jugement du style de surf ? C’est belle et bien une discussion à avoir, et celle que demande le Brésilien aujourd’hui.

MARGARET RIVER, WESTERN AUSTRALIA, AUSTRALIA - APRIL 28: Three-time WSL Champion Gabriel Medina of Brazil prior to surfing in Heat 1 of the Quarterfinals at the Western Australia Margaret River Pro on April 28, 2023 at Margaret River, Western Australia, Australia. (Photo by Cait Miers/World Surf League)
Gabriel Medina. Margaret River Pro © Cait Miers/World Surf League

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2 commentaires

  • lepenon.com
    30 juin 2023 22h20

    Ca fait déjà un bail que l’ASP (oups) ne produit plus « les meilleurs surfeurs du monde sur les meilleures vagues du monde, en tant que maison mondiale du surf de compétition.  »
    J’ai l’impression que personne ne va beaucoup le pleurer.

    Répondre

  • Cloclo
    31 mai 2023 20h38

    Toujours pas de boycott de ce show en bassine à vagues par les surfeurs du tour ? Quelle absurdité.
    Franchement, que vaut une pirouette considérée mal notée à côté de l’enjeu ?
    Et ça affirme aimer le surf pus que tout….

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