Tyler Larronde, la French Touch de Jaws

Le plus Français des surfeurs hawaïens nous parle de son spot et de son envie de conquérir les autres vagues de gros de la planète.

18/12/2014 par Romain Ferrand

Son père Michel fut parmi les pionniers de Jaws dans les années 90. Aujourd’hui, Tyler continue à faire vibrer le nom Larronde au line-up du spot – en tow-in ou à la rame – dès que les conditions deviennent sérieuses. Le Franco-américain, qui s’y frotte depuis déjà quelques années sous l’oeil du paternel, fait même partie des meilleurs du coin.

Tyler a fait un rapide passage en France début décembre à l’occasion des Nuits de la Glisse, dont il était un des héros du cru 2014. L’occasion de prendre quelques news avant de le laisser repartir dans l’archipel, où hiver rime avec période chargée.

Alors, Biarritz en décembre… ?

C’est la première fois que je vois Biarritz en plein hiver, ça caille… Habituellement je viens tous les étés en France, mais je n’ai pas pu me libérer cette année.

Tu vis à Maui depuis toujours. Quel est ton quotidien là-bas ?

je surfe, je m’entraîne pour être prêt quand Jaws marche, et j’essaie toujours de devenir surfeur professionnel. En parallèle, je travaille dans le bâtiment, je pêche aussi, j’essaie de me faire de l’argent pour pouvoir continuer à voyager.

Parlons de Jaws. Dans ton clip sorti l’an dernier, tu disais qu’il y avait parfois désormais jusqu’à 60 personnes à l’eau et que ça devenait dangereux. Comment expliques-tu la popularité de Jaws malgré la dangerosité du spot ?

Jaws est super dangereux. Tout le monde pense que la vague est accessible, qu’elle est facile à surfer. Il y a pas mal de types qui se jettent à l’eau sans savoir ce qu’ils font. Et ça complique aussi les choses pour nous. Tu dois être préparé pour surfer Jaws.

Au début de l’aventure sur le spot, dont ton père a fait partie, il y avait une certaine régulation, menée notamment par Laird Hamilton. Ce n’est plus le cas aujourd’hui ? Tout le monde peut se mettre à l’eau à Jaws ?

Non, il y a toujours une sorte de régulation. Chaque surfeur présent doit avoir un partenaire en jet-ski pour assurer sa sécurité. Même si c’est loin d’être le cas à chaque fois. Autre chose : pas de tow-in quand il y a des surfeurs à la rame au pic.

 Tu as déjà été témoin de situations critiques sur le spot ?

Très souvent ! J’ai vu des wipe-outs méchants, c’est sûr. J’ai même plusieurs fois cru que le gars ne s’en sortirait pas.

“Ce fut mon pire wipe-out. Mais au final c’était quand même fun”

Tu en as toi-même pris une bonne début novembre… (voir vidéo ci-dessous)

Oui, c’était le premier vrai swell de la saison. J’en avais déjà pris quelques-unes, et je suis parti sur celle-ci, un peu trop à l’intérieur. Mais j’avais déjà commencé mon drop donc je n’avais rien d’autre à faire que d’essayer de le tenir. Puis j’ai vu cette lèvre énorme m’arriver droit dessus et j’ai essayer de plonger pour éviter l’impact. Et là BOUM ! La lèvre m’est tombée dessus, j’ai pris une rouste énorme qui m’a emmené profond. Puis j’ai déclenché mon gilet de sauvetage pour remonter car je ne voulais pas que la deuxième vague me passe dessus. Je suis remonté à la surface, et elle était à 3m de moi. J’ai eu le temps de prendre 1 ou 2 bouffées d’air avant de me faire à nouveau exploser. Mon gilet avait déjà été gonflé donc j’ai sorti la tête de l’eau et heureusement le jet-ski était là pour me récupérer. Mon leash avait pété. Ce fut mon pire wipe-out. Mais au final c’était quand même fun (rires).

La session (et les boîtes) de Tyler à Jaws début novembre (à partir de 1’49”) :

“Pour moi, Belharra est une vague plus effrayante que Jaws”

En tant que local de Jaws mais malgré tout un peu Français, que penses-tu de Belharra ?

Je ne l’ai jamais surfé, mais j’aimerais vraiment y aller. Pour moi, c’est une vague plus effrayante que Jaws. Je veux dire, Jaws c’est la maison, je commence à plutôt bien connaître la vague, mais Belharra c’est froid, profond, en pleine mer, flippant. Tu peux te faire ramasser longtemps et passer pas mal de temps sous l’eau. A Jaws, c’est plus creux, tu te fais exploser sur le moment mais tu ne restes probablement pas aussi longtemps qu’a Belharra.

Et techniquement, que vaut Belharra par rapport à Jaws ?

A Jaws la vague creuse plus et le drop est effrayant et assez compliqué. A Belharra, c’est un drop plus long. Mais ça reste une très belle vague et un vrai challenge.

“J’aimerais suivre le Big Wave World Tour”

Tu as déjà été tenté par faire de la compétition dans les grosses vagues ?

Bien sûr. En fait, j’aimerais suivre le Big Wave World Tour. Je viens de recevoir une wildcard pour l’épreuve de Jaws, c’est pour ça que je dois rentrer rapidement à Maui pour me préparer. Ils vont le lancer lors du prochain swell. Mais pour pouvoir prétendre au Big Wave World Tour, il faut pouvoir montrer des vidéos de soi sur au moins 3 spots de gros différents. C’est pour ça que je pense essayer de surfer à Belharra, ou Nazaré, d’autres vagues.

Quels autres spots de gros t’attirent particulièrement ?

ico Alto (Pérou), Nazaré et Mavericks. J’espère pouvoir m’y rendre prochainement.

Est-ce que tes autres potes de Maui comme Albee Layer ou Matt Meola ont les mêmes ambitions que toi ?

Ils ont aussi des wildcards pour Jaws, mais ne sont pas intéressés par le circuit BWWT…

..Tu es plus compétiteur qu’eux ?

Plus ou moins. Enfin, je n’ai pas particulièrement un caractère de compétiteur, mais si j’ai une chance de participer au circuit, je donnerai tout.

“Quand tu vas à Jaws et que tu vois Albee tuber sur chacune de ses vagues, c’est forcément quelque chose de stimulant”

Parle-nous de votre relation avec Albee, Matt et les autres chargeurs de Maui, de la façon dont vous vous poussez les uns les autres.

On surfe ensemble toute l’année avec Albee, Kai Barger, Matt Meola etc. J’aime surfer avec eux parce qu’ils poussent vraiment le niveau très haut. Quand tu vas à Jaws et que tu vois Albee tuber sur chacune de ses vagues, c’est forcément quelque chose de stimulant. Kai Lenny est aussi un modèle à Jaws.

Ton père Michel fait aussi partie des grands noms de Jaws. Les gens savent-ils qui tu es par rapport à lui ? Ça aide d’être le fils de Michel Larronde au line-up de Jaws ?

Les gens qui débarquent à Jaws aujourd’hui ne savent pas qui est mon père. Mais les anciens, oui. Et oui, ça aide bien sûr.

Michel continue encore à te pousser, comme il le faisait il y a quelques années ?

Un peu moins qu’avant, disons qu’aujourd’hui on se pousse mutuellement (rires). C’est son tour de revenir à Jaws maintenant. C’est dans les tuyaux pour cet hiver, ça devrait être pas mal…

Il y a quelques années, une polémique était née sur www.surfsession.com sur la façon dont ton père t’avait jeté très jeune à Jaws. Avec l’expérience et le recul, tu en penses quoi aujourd’hui ?

Je remercie vraiment mon père de m’avoir mis dans ces vagues si jeune. Je me fous de ce que disaient ces personnes, je crois qu’ils étaient juste jaloux qu’on fasse ça…

Est-ce qu’il y a toujours des jeunes surfeurs présents à Jaws ?

Oui, il y en a. Pas à la rame bien sûr, parce que c’est beaucoup plus dur et dangereux qu’en tow-in. Sauf quand c’est petit…

Ça correspond à quelle taille un “petit Jaws” ?

Disons 12 à 15 pieds (4 à 5 mètres) (rires). Maintenant Jaws se surfe à 30 ou 40 pieds (9 à 12 mètres), parfois 60 pieds (18 mètres).

Shane Dorian nous déclarait lors de sa venue en Europe l’hiver dernier que seul le challenge de la rame l’intéressait désormais. Qu’en est-il pour toi ?

Moi j’adore toujours le tow-in. A condition qu’il n’y ait pas de surfeurs à la rame autour. En tow, tu prends 30 ou 40 vagues en une sessson, alors qu’à la rame tu en prends 3 ou 4. C’est différent mais j’aime ça.

Existe-t-il une limite de taille pour surfer Jaws à la rame ?

Je ne sais pas. En tout cas je n’ai pas encore atteint la mienne (rires). Techniquement je ne pense pas qu’il y ait de limites si tu as la bonne planche.

Qu’est-ce que tu as sous les pieds en ce moment ?

J’ai une 10’4, presque 4 inches d’épaisseur,

Enfin, parlons business : où en es-tu actuellement niveau sponsors ?

DaKine me suit en me donnant des accessoires, des fringues, des combis, mais je n’ai pas de budget pour pouvoir voyager. J’aimerais avoir un gros sponsor, c’est sûr, j’y consacre du temps, y compris ici en Europe. Mais tant pis si je n’en ai pas, ce qui compte avant tout, c’est que je m’éclate.

Interview : Romain Ferrand

New-school, big waves et gros barrels : le surf de Tyler résumé en un clip :

[vimeo]http://vimeo.com/62986750[/vimeo]


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