Jorgann Couzinet, plus déterminé que jamais

"J'étais ravi de me qualifier sur les Challenger mais je vise le CT, ce n'est qu'une petite étape avant le big show !"

24/04/2023 par Ondine Wislez Pons

La saison européenne des QS s’est terminée début avril à Caparica au Portugal, épreuve qui a officialisé la liste des qualifiés pour les Challenger Series dont Jorgann Couzinet occupe la 5e place. Après un séjour en France au cours duquel il en a profité pour prendre du repos après une blessure au genou et pour participer à la Maïder Arosteguy à Biarritz, le Réunionnais s’est envolé pour l’Australie, là où auront lieu les deux premières étapes du circuit des Challenger dont la première doit débuter le 6 mai sur la Gold Coast. Le surfeur possède un lien particulier avec les vagues australiennes sur lesquelles il a déjà performé par le passé. Avant son départ, nous avons rencontré Jorgann à Hossegor pour faire le point et en savoir plus sur ses objectifs à venir. C’est un surfeur plus motivé que jamais à se qualifier sur le CT qui s’est présenté à nous. Tandis que le surfeur a manqué de très peu la qualification sur le Tour et ceci à plusieurs reprises, cette année il est bel et bien déterminé à atteindre son objectif. Jorgann nous est apparu serein, déterminé et plus prêt que jamais à affronter les compétitions à venir.

Jorgann Couzinet en Australie
© WSL

Surf Session – Salut Jorgann ! Comment te sens-tu en ce moment, physiquement et mentalement ?

Jorgann Couzinet – « Je me sens très bien ! J’ai passé un mois sans surfer avant le dernier QS de la saison, au Portugal. Au Maroc je me suis fait une petite déchirure et je surfe dessus depuis un certain temps. Quand je suis rentré en France après ma perf’ là-bas, je me suis dit que c’était le bon moment pour prendre un mois off et m’occuper de mon genou. Quand j’étais au Maroc, c’était embêtant parce que je ne pouvais pas vraiment appuyer dessus. Mentalement je vais très bien ! J’ai mis en place des choses au quotidien, avec mes coachs et aujourd’hui je suis au top, prêt à entamer l’année à fond.

SS – Et avant cela, où avais-tu passé ton hiver ?

JC – J’ai passé mon hiver à La Réunion où j’ai beaucoup surfé dans des vagues plus grosses, c’était un point sur lequel j’avais envie de travailler. Je n’ai jamais vraiment réussi à performer à Hawaii et j’avais envie de progresser dans les grosses vagues. Je me suis entraîné dans ce sens-là pour pouvoir avancer et faire la différence.

Jorgann Couzinet sur une droite, photo d'action
© Soöruz

SS – Où en es-tu dans ta carrière professionnelle et quels sont tes objectifs ?

JC – Je sors de deux années pas terribles, mais cette année je veux clairement me qualifier sur le CT et j’aimerais aller chercher ma qualification pour les Jeux Olympiques. Ce sont mes deux objectifs principaux, je m’entraîne dur pour ça et je pense vraiment y arriver. Je me sens bien mieux aujourd’hui, mieux que pendant ces trois années où je suis passé proche de la qualification, que je sens être pour cette année.

SS – Après être passé si proche de la qualification à trois reprises, tu dis que tu es revenu plus fort. Qu’as-tu mis en place pour cela ?

JC – J’ai beaucoup bossé, je m’y suis mis encore plus sérieusement qu’avant. J’ai totalement arrêté de sortir et de faire la fête pour me concentrer sur le plus important, à savoir m’entraîner dur, bien manger, fonder une famille… Tout ce qui me permettra de pouvoir performer et que j’ai eu tendance à mettre un peu de côté ces dernières années, surtout après le Covid. Je sens que c’est mon heure de monter et je sens que ça va être intéressant. Pendant ces trois années, j’étais toujours très excité avant les compétitions mais je ne savais jamais vraiment comment cela allait se passer. Aujourd’hui je vise tout de suite quelque chose, j’ai le sentiment de savoir ce qui va arriver, je visualise les choses. C’est difficile à expliquer mais j’ai le sentiment que c’est le bon mind set.

Jorgann Couzinet à Hossegor

SS – Peux tu nous en dire davantage sur cette visualisation et sur ta préparation physique ?

JC – En ce qui concerne la visualisation, j’essaie de me poser avant les compétitions, de méditer, de respirer correctement afin de calmer mon esprit pour aborder sereinement les étapes. Je suis serein dans ma vie et cela se ressent sur mon esprit lors des compétitions. Au Maroc, j’ai pris conscience de ce qui n’allait plus et je travaille pour transformer le négatif en positif. Si j’ai des pensées négatives je fais tout pour m’en débarrasser. Pendant mon mois off je suis allé au CERS tous les jours pour suivre une prépa physique intensive mais très bénéfique pour mon genou. Quand tu sors de là tu es prêt à tout casser, ils s’occupent très bien de nous.

SS – Ta deuxième place au Maroc semble confirmer ton retour en force, comment t’es-tu senti ensuite à Caparica ?

JC – Quand je suis arrivé au Maroc je me suis demandé si j’arriverais encore à faire des résultats. Le fait d’être bien dans ma relation et de me sentir encouragé par une personne qui m’aime et que j’aime m’a donné le sentiment d’aller à l’eau à deux. Je le faisais pour nous deux et j’ai l’impression d’avoir besoin de cette force. Je pensais arriver à Caparica remonté à bloc mais j’avais encore mal au genou, j’ai donc fait ce que j’ai pu. J’ai fait le job, ni plus ni moins. J’étais ravi de me qualifier sur les Challenger mais je vise le CT, ce n’est qu’une petite étape avant le big show !

SS – Les Challenger commencent très bientôt en Australie, quel est ton rapport avec ces vagues ?

JC – L’Australie est un endroit où j’ai réalisé l’un de mes rêves : battre mon idole, Kelly Slater. C’est donc un lieu particulier pour moi, la vague me correspond et j’ai hâte de pouvoir montrer à tout le monde que je ne suis pas là pour rigoler !

SS – Peux-tu nous parler de ton quiver ?

JC – J’ai commandé une dizaine de planches chez DHD, qui doivent arriver le 1er mai. J’ai beaucoup travaillé avec Darren et je me sens prêt à attaquer Manly et Snapper avec du bon matériel.

SS – Et concernant les JO, quel est ton rapport à Teahupo’o et que penses-tu du fait qu’ils soient organisés là-bas ?

JC – J’adore Tahiti, j’y suis allé deux fois et j’aime beaucoup Teahupo’o, c’est une vague magnifique. Mais je pense qu’ils organisent les JO là-bas davantage pour les spectateurs que pour les surfeurs. Selon moi, les JO devraient avoir lieu sur une vague droite-gauche comme Trestles par exemple, qui serait beaucoup plus adaptée. Si on devait choisir un spot en France, il faudrait aller dans les îles, dans les Dom-Tom, aux Caraïbes par exemple. Pour moi le surf c’est des droites et des gauches, je comprends qu’ils soient à Teahupo’o mais c’est une vague où tu démarres, tu te mets dans le tube et tu sors. Il y a des sessions où tu peux faire des manoeuvres mais ce n’est pas ce que tu vas chercher là-bas. Il faudrait que tout le monde soit sur le même pied d’égalité et le combat pourrait vraiment commencer.

SS – Tu es productif en ce qui concerne la création de contenu vidéo, les vlogs… C’est quelque chose qui te tient à coeur ?

JC – J’ai rencontré pas mal de gens qui ont été agréablement étonnés que je sois aussi accessible, par rapport à certains qui le sont beaucoup moins. J’ai eu envie de montrer que les pros surfeurs n’étaient pas tous les mêmes. Je me suis rapproché de Mosy pour créer ces vlogs et montrer aux gens que j’étais abordable et que je ne me prenais pas trop au sérieux. J’ai commencé les vlogs, je me suis pris au jeu et ça donne également de la visibilité à mes sponsors, surtout pendant le Covid. J’étais content de voir que les gens étaient réceptifs, ils adorent recevoir des tips de pro, savoir ce qu’ils mangent, comment ils s’entraînent… J’avais beaucoup de questions à propos de tout ça. J’adore recevoir des feed backs, aider les gens à progresser comme dans le vlog que j’ai fait sur les petites vagues. J’ai eu beaucoup de retours, c’est agréable de savoir que les gens s’identifient et travaillent sur ce que tu leur as proposé. »


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