Jaleesa Vincent à contre-courant

Son existence à elle seule nourrit le free surf féminin de quelque chose de brut et de singulier.

01/12/2021 par Rédaction Surf Session

La parution récente de ce nouvel édit sur sa chaîne Youtube est l’occasion de se pencher un peu sur cette surfeuse au style et à l’univers atypiques. 
Punk et déjantée Jaleesa est une jeune australienne au surf libéré et imprévisible. Il serait difficile de ne choisir qu’une chose pour la définir. Ceci est valable à peu près pour tout le monde. On ne peut réduire personne à une activité ou à un trait particulier. Mais plus que n’importe qui, Jaleesa est inclassable, iconoclaste, multiple.
Cette jeune surfeuse a grandi sur la Sunshine Coast dans le Queensland et vit désormais à l’ouest de Byron Bay. Elle a grandi loin des grandes villes et a réellement commencé le surf à dix ans. Lorsqu’elle était plus jeune, elle a participé à quelques étapes du circuit WQS sans que cela ne lui corresponde réellement. C’est ce qui lui a donné envie de devenir surfeuse professionnelle à sa manière, le free surf lui permettant davantage de s’exprimer. Elle ne tarde pas à être sollicitée par Rage, Misfit puis Billabong. En même temps, Jaleesa dégage quelque chose d’inspirant et d’énigmatique. Son univers à la fois précurseur et rétro a réussi à attirer des sponsors tout en surfant comme bon lui semble, loin du circuit classique et de ce que l’on attend implicitement ou non des surfeuses aujourd’hui. 

Dans son histoire, le surf a connu des évolutions. De pratique indigène il est devenu subculture transnationale. L’Occident s’est réaproprié la coutume traditionnelle du he’e nalu. Le surf est rappelons-le, contestataire, avant de devenir une pratique de masse. Nous n’avons pas besoin de définir ce qu’est le surf précisément car il peut être beaucoup de choses mais sa dimension rebelle est davantage liée aux décennies passées. Ceux qui en dictent les codes et les règles aujourd’hui ne sont pas représentatifs de la diversité du monde et des hommes. Mais il suffit d’une surfeuse comme Jaleesa pour changer un peu les choses. 
En plus d’être atypique Jaleesa a du style, chose assez rare dans le surf comme dans la vie. Surtout à une époque où les choses se lissent et où les individus se ressemblent de plus en plus. Elle représente quelque chose qui existe peu dans le surf féminin contemporain. En plus de surfer, elle créé beaucoup de choses de ses mains et son style évolue en permanence. Elle expérimente divers moyens d’expression : la peinture, les claquettes, la danse, le dessin d’animation, la taxidermie, la musique… L’Australienne ose et expérimente sans cesse. 

Avant de jouer dans le groupe de rock garage « Cupid and the Stupids » elle jouait dans un groupe de Death Metal « SKREETCH ». Jaleesa s’inscrit dans le sillage d’un mouvement et d’une époque qu’elle n’a pas connu, celle du rock contestataire qui a secoué l’Australie dans les années 1970, où se mêlaient anti-conformisme et rébellion. L’Australienne rend évident ce lien qui peut exister entre surf et musique. 
Jaleesa créé quelque chose de nouveau dans le surf. Et offre au surf féminin une dimension que l’on a du mal à cerner complètement mais qui rompt avec l’image et les codes que l’on voit à longueur de temps. Jaleesa surfe tout en conservant sa singularité et évolue en marge des catégories habituelles dans lesquelles les surfeuses sont enfermées : longbordeuses, surfeuses mannequins… 
C’est rassurant de constater que l’on peut appartenir au monde du surf professionnel tout en s’éloignant de ce qui le constitue en majorité. Sa parenté avec la mouvance punk réside sûrement dans l’expression « Do it yourself », emblématique du mouvement. Jaleesa semble se l’être appropriée et trace sa propre route. Le surf ne laisse pas assez de place aux femmes, le surf féminin lui, n’en laisse pas assez à la diversité mais Jaleesa elle, se fait la sienne sans rien demander à personne. 
>> Par Ondine Wislez Pons 

                  


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