Justine Dupont : "J’ai un double projet J.O. / grosses vagues"

De Nazaré à Tokyo, il n'y a qu'un pas pour la Canaulaise qui se confie sur ses projets.

30/08/2018 par Marc-Antoine Guet

L’hiver dernier, Justine fut de toutes les aventures. A Nazaré bien évidemment, où la surfeuse a maintenant ses marques, mais aussi à Jaws pour le Big Wave Tour, tout en passant par le Danemark où Justine a décroché un titre de vice-championne du monde de SUP. Une femme de la mer présente sur tous les fronts et qui vient de placer la barre encore un peu plus haut. Sur ses terres lors du Caraïbos Lacanau Pro, nous avons pu nous entretenir avec la surfeuse pour faire le point. 
Tu es devenue la première surfeuse sur cette planète sponsorisée par un club de foot. Comment ça s’est passé ?

C’était dans les tuyaux depuis l’année dernière, depuis que la partie événement des Girondins (Girondins Sports Events) a repris le Lacanau Pro. Ils m’ont rencontré avec la démarche de s’intéresser au surf. Cela a mis un peu de temps à se concrétiser parce que c’est quelque chose d’inédit mais ils sont bien motivés. D’ailleurs je tiens à remercier Sevan Karian pour son accompagnement sur ce projet. Je suis née à Bordeaux, je suis d’ici, j’ai commencé à surfer à Lacanau, j’ai une histoire avec la région. Les Girondins, c’est un club prestigieux, je suis fière de pouvoir les compter parmi mes partenaires. Trouver des sponsors et des partenaires c’est notre combat quotidien pour essayer de vivre de notre sport. Au printemps, on a toujours la petite boule au ventre de savoir si on aura assez pour l’hiver. On a encore pleins de projets et d’idées à mettre en place pour le futur.

Ils s’y connaissent un peu en surf ? 
L’an dernier ils ont beaucoup observé. Cette année ils amènent leur expérience du foot sur cet event qui est devenu vraiment beau. C’est un QS 1 500 mais ça pourrait être beaucoup plus. 

Pour toi, ça va se passer comment concrètement ? 
Ils accrochent vraiment avec tous mes projets. Financièrement c’est un plus pour par exemple pouvoir partir sur un trip pendant l’hiver sans se poser trop de questions. C’est la plus grosse équipe sportive de la région, on va pouvoir s’inspirer de leur professionnalisme et de leur expérience. Je trouve cela super intéressant qu’ils s’ouvrent au milieu de la glisse. Cela peut être bénéfique pour tout le monde.
 J’ai aussi ce double projet J.O. et grosses vagues, ça représente une sacrée enveloppe. 

Tu parles déjà de la saison des grosses vagues, mais aussi des J.O, quel va être le programme ? Comment gère t-on tous ces projets en même temps ?
Je vais devoir faire des choix car ça fait beaucoup de choses (rire). Je vais par exemple mettre un peu de côté le stand-up et le longboard. Je vais mettre des priorités sur le surf de grosses vagues et les J.O. Cette année, je précise ! L’année prochaine on verra. Car faire toutes ces disciplines, c’est un vrai plus pour moi. Mais il va falloir être intelligent. Toutes les autres filles ne s’entraînent que pour les J.O., ou bien que pour le Big Wave Tour. Il va falloir s’économiser aussi.

Nazaré ?
On y retourne cet hiver bien évidemment. C’est là-bas que démarre la saison des grosses vagues de toute façon, dès fin septembre. La saison à Hawaii et la Californie ne commence que plus tard donc c’est bien d’être direct dedans. Comme ça, quand j’arrive sur une competition à Jaws, j’ai déjà surfé 2-3 swells avant alors qu’eux, c’est souvent leur premier. C’est un plus. Fred, Pierre et Julian sont super motivés, il me tarde.

On reprend tout pareil et on recommence où y-a-t-il des nouveautés ?
On évolue tout le temps. On a déjà beaucoup évolué l’année dernière. On a vu cette année qu’il y a plus de demande sur les jambes, sur la puissance. Cette année on va repartir sur les mêmes entraînements en s’adaptant. Le foil par exemple, c’est vraiment chouette pour travailler le surf tracté, ça te fait travailler les jambes. L’an dernier, je trouvais le stand-up vraiment bien pour m’entraîner au surf de grosses vagues, cette année c’est le foil qui va bien m’aider.

Le Big Wave Tour cette année, on y pense ?
Oui et j’ai hâte ! En plus c’est bien parti pour que Mavericks se fasse cette année. J’espère aussi que Nazaré sera un jour au programme pour les filles, mais ça demande un peu de temps. Ils veulent plus de filles et y aller étape par étape. Mais ça viendra, j’en suis persuadée. En plus du Big Wave Tour, il va certainement y avoir des compétitions à Todos Santo, Waimea… ça va faire pas mal de choses ! La priorité ça va être les gros swells de Nazaré, puis les deux gros events à Jaws et Mavericks. 

Es-tu déjà allée à Mavericks ?
Oui, une fois mais avec une entorse à la cheville (rire). J’avais quand même pris quelques vagues. J’étais restée dans la passe, ce n’est pas mon meilleur souvenir. Mais j’adore cette vague, c’est dingue.

On est désormais à 2 ans des J.O., on y pense déjà ou pas ?
Oui carrément ! On commence déjà à voir des gens se positionner et se qualifier dès la fin de la saison. Pour moi, je vais devoir passer par le circuit via les ISA. Il va y avoir notamment les championnats du monde au Japon en septembre, c’est une première étape. Il y a plein de possibilités de se qualifier. 

En tant qu’athlète, quel est ton regard sur les vagues artificielles dont les projets fleurissent un peu partout ?
C’est top pour l’entraînement. Même pour les gens qui vivent loin de l’océan et qui ne peuvent pas surfer tous les jours. Et quand tu vois tous les surfeurs pro qui ont corrigé leurs défauts grâce aux piscines à vagues…

Penses-tu qu’aujourd’hui, pour être performant aux J.O., il faut absolument un entraînement sur une vague artificielle ?
Au Japon, je pense que l’on sera encore dans une phase où ça passera mais dans le futur, c’est certain. Il y a déjà des nations qui s’entraînent. Il en faudrait une en France, c’est un outil indispensable. Les autres nations ont déjà commencé, il ne faudrait pas prendre trop de retard. Il ne faut pas non plus l’opposer au surf, c’est un complément. 

As-tu déjà une idée de comment organiser tes entraînements quand on a la possibilité d’utiliser une vague artificielle ?
Je le verrai plus par période. Comme des stages. J’aimerais travailler certaines manoeuvres et travailler mes défauts. Après 20 répétitions, ton défaut disparaît et devient une qualité. C’est intéressant de répéter la manoeuvre en piscine et de filer directement dans l’océan pour l’essayer. Si tu ne travailles qu’en piscine, c’est dur de s’adapter ensuite à l’océan. Il faut jongler.

Cela peut-il te servir également pour tes sessions à Nazaré ?
Oui. Plus tu es bon techniquement plus tu aura de belles lignes sur la vague et plus le surf de grosses vagues deviendra accessible. Tout est bon. 

Est-ce que tu sens que ta carrière est à un tournant ? 
Le tournant, c’était l’année dernière. Me demander si mon double projet était viable et possible. Ce qui est excitant c’est que ça évolue tout le temps.

Avec tous ces projets, au final qu’est-ce que l’on peut te souhaiter ?
De tout péter ! De prendre du plaisir, de belles vagues et de continuer à s’amuser et de prendre plus de vagues à la rame. Je ne me mets aucune barrière.

Photo à la une : Laurent Masurel / WSL                  

        


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