Marco Mignot : "J’ai travaillé très dur"

Entre sa participation aux Young Guns et son titre de champion d'Europe junior, Marco Mignot se confie.

14/09/2018 par Marc-Antoine Guet

C’est la nouvelle gueule d’ange du surf tricolore. A tout juste 18 ans, Marco Mignot vient d’être sacré champion d’Europe junior sur le spot de Pantin pour la toute première fois. C’est lui aussi qui, en juillet dernier, représentait la France en compagnie de Justin Becret lors des Young Guns 2018 au Surf Ranch de Kelly Slater. A l’occasion d’un trip en Bretagne en compagnie de Mathis Crozon et Patrick Beven (bientôt disponible dans Surf Session Magazine nous avons pu connecter avec le jeune franco-mexicain. Et le surfeur du team Quiksilver s’est confié sans concession. 
Comment as-tu réagi quand tu as appris que tu étais sélectionné pour participer aux Young Guns chez Kelly ?
Quand j’ai appris que la compétition allait être chez Kelly je me suis dis que j’allais travailler dur pour essayer de me qualifier. C’était ma dernière année pour participer aux Young Guns, j’avais envie de faire un bon résultat. C’était un rêve et un objectif. Quand j’ai appris après le premier tour que c’était en fonction des votes j’étais assez confiant car j’ai la chance d’avoir pas mal de followers. Quand j’ai appris que c’était bon, je n’arrivais pas à y croire. C’était incroyable, ça n’arrive pas tous les jours.

Tu n’avais jamais surfé la vague de Kelly avant. Comment on l’appréhende ?
J’étais un peu stressé. La première vague que j’ai pris j’ai assuré, je me suis mis dans le barrel et j’étais trop deep je suis tombé. Pareil sur la deuxième vague. Mon frère me disait pourtant de me relâcher, de ne pas me mettre de pression, de ne pas essayer d’être deep mais de la surfer jusqu’à la fin. Et après quelques essais j’ai réussi. Franchement c’est incroyable cette vague, c’est la perfection.

Est-elle vraiment difficile à surfer cette vague ?
Honnêtement oui. Les premières vagues il faut se laisser aller et ne pas forcer. Après quand tu la connais tu peux tenter des trucs.

Comment ça s’est passé sur place ?
La veille de la compet’ ils nous ont dit ce que nous avions à faire pour gagner. Et c’est différent de la compétition, il ne fallait pas surfer une vague complète. Nous avions 1h30 pour faire le plus gros carve, puis 1h30 pour le plus gros air. Puis 1h avec un format plus traditionnel où nous devions surfer la vague jusqu’à la fin.

Quelles planches avais-tu pris pour surfer là-bas ?
J’avais une epoxy Giants et une Al Merrick. Et j’ai cassé mes deux planches (rire). La vague est vraiment plus forte qu’on ne le croit et elle creuse. En plus il n’y a pas beaucoup d’eau. Elle secoue bien quand même.

Et Lemoore tu en as pensé quoi ?
Ce n’est pas vraiment mon style. Il fait vraiment très chaud. On avait l’impression d’être dans un sauna. Mais quand tu rentres dans le Ranch c’est le paradis, il y a des arbres partout. C’est incroyable, une vague comme ça au milieu de rien, tu as envie de rester.


Est-ce que Kelly était présent pendant la compétition ?
Non il n’était pas là. Il ne savait même pas qu’il y avait une compet’ chez lui en ce moment (rire). Mais à la fin de la compétition il m’a envoyé un message pour me féliciter et savoir si j’avais bien aimé. C’était sympa de sa part.

Puis, quelques semaines après, tu deviens champion d’Europe junior pour ta dernière année. Raconte nous.
La première année où je m’étais fixé cet objectif j’avais fini 3e . La 2e année il y avait moins de monde sur le circuit, je me suis dis que ça allait être plus facile. Et j’y suis certainement allé trop tranquille. Je l’ai pris un peu trop cool et je finis 2e derrière Kauli (Vaast). J’étais dégouté. L’an dernier j’ai traversé des moments un peu difficiles où je n’étais pas forcément très bien dans ma tête.

Cette année tu étais mieux ?
Après avoir perdu contre Kauli comme je t’ai dis j’étais dégouté. Mais j’avais toujours ce problème mental. En début d’année je n’étais pas très bien  non plus, c’était à Espinho. J’ai finis 5eet Mathis (Crozon) et Kauli (Vaast) sont passés devant moi.  Pourtant je m’étais mis comme objectif cette fois d’être champion d’Europe junior, c’était ma dernière chance. Je me suis alors dit : merde, pas encore. J’ai promis à mon père de gagner la compet’ d’après et c’est ce que j’ai fait à Caparica.


Est-ce que tu te dis à ce moment là que la saison est lancée ?
Pas vraiment. Dans ma tête c’était encore pire. J’avais juste envie que la compet’ se termine. Je n’avais même pas envie de surfer, je voulais partir. Je n’étais pas bien et je ne voulais pas rentrer en série. J’ai quand même gagné cette compet’ et ça m’a lancé.

Le déclic ?
Un peu oui. Je suis parti ensuite au Maroc. J’avais toujours eu envie d’y aller. J’y suis allé vraiment cool mais je n’ai pas beaucoup surfé. J’ai surtout profité du pays avec ma famille. Mais je n’étais toujours pas bien. Un matin je me suis réveillé et je me suis dit : stop, faut que ça change. Je travaille dure mais je ne suis pas heureux. J’ai bossé encore plus fort. J’ai notamment beaucoup travaillé sur ma respiration.

C’était un ras le bol du surf ?
Non, je voulais surfer. C’est juste que mentalement je n’étais pas bien. J’étais en souffrance, je ne profitais plus de ce qui m’arrivait. J’étais très anxieux et je souffrais de dépersonnalisation. Mais je suis resté positif.


Et Patrick Beven est arrivé.
Exactement. Je lui ai envoyé un message pour lui demander si je pouvais rester chez lui. J’ai dis à mon papa que j’avais désormais envie d’avancer tout seul. Je ne voulais plus qu’il vienne avec moi. Je voulais faire les choses moi même. J’ai pris un train de Barcelone et je suis arrivé chez Patrick à 1h du matin. Il m’a bien accueilli. Et peu à peu j’ai repris le travail. J’allais surfer avec lui, et comme c’est une personne très positive et souriante ça m’a boosté. J’ai vu un progrès énorme. Je me sentais mieux. A ce moment là je voulais juste aller mieux, être champion d’Europe c’était un plus.

Puis arrivent les compet’ de la Torche et Biscarosse !
Deux épreuves que Justin Becret remporte ! Je suis alors loin derrière lui au classement. Je me devais de faire de gros résultats pour terminer la saison. J’ai eu le temps de partir au Mexique me ressourcer. Et là j’ai travaillé très dur. Mentalement ça allait mieux.


Puis retour chez Patrick à Hossegor !
Exactement. C’était au moment de Sopelana. J’y suis allé sans stress et ça m’a réussi car tous les favoris ont perdu d’entrée (Mathis Crozon, Justin Becret..) c’était le moment de faire une perf’ ! Et j’ai gagné.


Et à Pantin c’est la consécration.

Oui mais j’étais vraiment stressé. J’ai failli perdre dès mes premières séries. Je passais de justesse et Justin, lui, était en forme. J’ai réussi à me sortir d’une très grosse série et ça m’a mis en confiance. Puis Justin s’est fait éliminer contre Tiago Carrique. Cela a suffi pour que je sois champion d’Europe.


Qu’est-ce qui a changé dans ton surf depuis 2/3 ans ?
La confiance mentale surtout. J’ai beaucoup appris. Avant je n’aimais pas les grosses vagues, maintenant j’aime bien et ça a beaucoup changé mon surf. L’expérience de Patrick Beven et Miky Picon aussi m’a beaucoup aidé. Sans eux je n’aurais jamais été champion d’Europe. Je me sens beaucoup mieux aujourd’hui. 

Le programme maintenant ?
L’an prochain je vais faire quelques QS mais j’ai surtout envie de voyager, visiter de nouveaux endroits et passer du temps avec ma famille. J’ai envie de voir mon petit frère grandir et faire de nouvelles choses. Moins de compétitions et plus de free surf. Je suis bien maintenant. 

   

                                                 


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