Ramzi Boukhiam : "l’objectif, c’est la qualification"

Le Marocain de 23 ans parle de son parcours, ses forces et faiblesses, sa préparation, ses ambitions etc.

25/05/2017 par Rédaction Surf Session

Ramzi Boukhiam évolue dans le paysage du surf européen depuis plus de 10 ans. Pourtant, le Marocain n’a que 23 ans. Engagé depuis plusieurs années sur le circuit QS, il a vu deux proches du team Quiksilver – Leo Fioravanti et Zeke Lau – se qualifier l’an dernier pour le World Tour. De quoi booster son envie de décrocher aussi son ticket pour la cour des grands.

Stylé et puissant, possédant un excellent surf backside, Ramzi ne bénéficie pourtant pas d’une exposition médiatique à la hauteur de son talent, mais reconnait en être pour partie responsable. On a donc pris le temps – il y a quelques semaines – de discuter avec lui de son parcours et ses ambitions, mais aussi ses sponsors, ses planches, la vie sur le circuit etc.

Magnéto :

Raconte-nous un peu ton histoire, le début de ta carrière. 

Je suis né d’un père marocain et d’une mère hollandaise et j’ai vécu au Maroc jusqu’à mes 13 ans. On allait souvent à la plage, je faisais du bodyboard pendant que mon père pêchait, nous étions toujours près de la mer. C’est mon frère qui m’a poussé à essayer le surf, j’ai de suite accroché avec ce sport, j’aimais bien la sensation de glisse.

Puis tout est allé très vite : j’ai commandé une planche à Noël et six mois après, je suis allé à SurfLand à Oualidia chez Laurent Miramon. C’est là-bas que j’ai vraiment commencé et que je me suis mis à fond dedans. Laurent s’est très bien occupé de moi, il m’avait déjà repéré quand j’étais jeune. C’est aussi lui qui m’a mis en relation avec Quiksilver.

En 2003, j’ai fait ma première compétition de surf « Grommet Trophy » à Mohammedia et j’ai gagné dans la catégorie des moins de 12 ans. Le prix était une invitation pour la finale d’Europe à Capbreton. J’ai pu y aller l’année suivante où je suis arrivé 5ème et j’ai commencé à être sponsorisé par Quiksilver. Par la suite, je repartais en compétition tous les étés avec ma mère et mon frère. En 2005 mon père est décédé, on est restés un an de plus au Maroc, puis on a déménagé ici (à Anglet, ndlr). C’est là que j’ai enchaîné avec les « Pro Junior » et tout le reste…

A quel moment as-tu compris que le surf était vraiment ce que tu voulais faire ?

Quand je suis venu en compétition en France et que j’ai vu que je pouvais gagner la plupart de mes compétitions contre les jeunes de mon âge qui étaient les plus forts de la région, je me suis dit que je pourrais faire quelque chose. Depuis tout petit, notamment lors de mon arrivée en France, j’étais sûr de vouloir faire ça. J’ai aussi pas mal joué au foot au Maroc et j’ai dû choisir entre mes deux sports, j’ai donc choisi le surf.

« MA PREMIÈRE ANNÉE EN FRANCE A ÉTÉ TRÈS DIFFICILE »

Comment s’est passée la transition entre le Maroc et la France ?

Ma première année en France a été très difficile, ma mère le voyait aussi et j’avais du mal avec le froid, tous mes amis me manquaient, la vie au Maroc aussi. Mais après j’ai beaucoup bougé pour les compétitions, je suis parti en Australie deux mois avec Leo (Fioravanti, ndlr) et je me suis fais des amis, du coup tout allait mieux. Maintenant c’est ma deuxième maison, et je passe même plus de temps en France qu’au Maroc. Même si en ce moment, j’essaie de passer plus de temps là-bas parce que j’y ai trouvé un bon entraîneur.


©Quiksilver/Timo

En quelle année as-tu vraiment commencé le QS de manière intensive?

En 2013, il y a quatre ans. Au début, je faisais pas mal de Pro Juniors mais je voulais faire un QS. Le premier, c’était à Zarautz, j’avais fait champion d’Europe sur les Juniors et comme il était à côté j’y suis allé et j’ai fini par gagner la compétition. C’est à ce moment que j’ai eu le déclic. Et de là, j’ai enchaîné les Primes.

« DEPUIS TROIS ANS J’AI GRANDI ET JE ME SENS EN CONFIANCE »

Quatre ans plus tard, quel est ton objectif ?

La qualification (pour le World Tour, ndlr) évidemment, et y rester. Je ne voulais pas me lancer avant car je ne me sentais pas prêt. J’avais ce feeling de ne pas être complet, je sentais que je n’avais pas le niveau pour me mesurer au Top 32. Mais depuis trois ans, j’ai grandi et je me sens en confiance pour rentrer et y rester. 

Le fait que Joan (Duru) ait réussi à se qualifier a du être un sacré boost.

Je suis super content pour lui et ça me motive. J’ai beaucoup appris en le regardant adapter son surf sur le QS pour se qualifier, c’est ce que je vais essayer de faire, ne pas chercher des 9 points sur des grosses manoeuvres pour finalement tomber, mais chercher des scores constants. Il faut s’adapter. Joan était régulier, à chaque heat il décrochait deux bons scores, et n’essayait de chercher le gros score dès le début. Maintenant qu’il est le sur le Tour il va sortir son surf, il va se lâcher. J’ai hâte de le rejoindre.



Avec Michel Bourez, lors des trials du Quik Pro Gold Coast 2017 – ©WSL

Qu’as-tu changé dans ta façon d’aborder la saison 2017 ? 

Je me suis beaucoup entrainé avec Philippe Descacq, un osthéo d’Hossegor qui m’a vraiment aidé physiquement et mentalement, j’avais un manque de confiance en moi qui me jouait des tours. Puis j’ai bossé avec Jake « Snake » Paterson (Australien, coach Quiksilver, ancien surfeur du World Tour, ndlr) avec qui j’ai beaucoup appris. Même si je ne me suis pas qualifié, j’en ai vu d’autres parmi nous y parvenir – Leo, Kanoa, Zeke – et ça me booste. Je suis confiant cette année, je me sens bien physiquement après deux trois ans de galères et blessures.

Comment tu travailles avec « Snake » ? C’est la première année que tu bossais avec lui en 2016 ?  

Pour moi oui, c’était la première fois, Quik l’avait embauché pour suivre quelques gars du team comme Leo, Kanoa, Marco (Lacomare)… Puis c’est devenu sérieux, avec du coaching privé, et Zeke et moi on s’est ensuite greffés au groupe. Avec Jake on travaille un peu sur tout, sauf la prépa physique. On participe aussi à des sortes de training camps, comme sur la Gold Coast cette année avant Snapper.

Et comment se passent les autres épreuves quand lui n’est pas là .

Je voyage seul, ou bien avec Marco, on s’entend bien, ça fait deux trois ans qu’on voyage ensemble. 

« JE N’EN FAIS PAS ASSEZ POUR FAIRE PARLER DE MOI »

Tu es moins médiatisé que d’autres comme Marco ou encore Leo. Il semble aussi que tu ne cherches pas forcément à l’être. On voit peu de vidéos de toi par exemple. 

C’est moi qui ne suis pas très bon là-dessus, beaucoup de gens me le disent, il faut que je me bouge beaucoup plus. Je n’en fais pas assez pour faire pas parler de moi. Mais je n’ai pas envie de faire un truc vite fait, je veux faire ça bien, avec de bonnes images. Je vais faire un trip cette année pour sortir un clip, c’est prévu.

D’un point de vue techniques, quelles sont tes forces et tes faiblesses ? 

Je travaille les « pizzas » – ces petits turns faits pour déplacer beaucoup d’eau – qui marchent bien sur le QS, car c’est mon point faible. J’essaie de bien envoyer de l’eau, car je sais que ça marche, j’ai vu plein de gars passer des tours en envoyant de l’eau, sans même aller engager le rail. Toi t’essaies de mettre du rail, t’accroches, tu tombes. Mais ce n’est pas ça qu’il faut faire, il faut s’adapter. 

Je tombe beaucoup aussi parce que je tente des choses que je ne devrais pas. Par exemple, au lieu de faire trois bonnes manoeuvres, j’en fait quatre, je tombe sur la dernière et je perds 1,5 point. 

Côté points forts, je me sens bien sur mon backside, je suis confiant. Dès qu’il y a de bonnes vagues et que c’est solide, je me sens bien pour envoyer.


« Côté points forts, je me sens bien sur mon backside ». North Shore novembre 2016 – ©Bosko

Comment gères-tu ton matos ? 

Je paie mes boards moi même, mais j’ai de bonnes planches, des Al Merrick faites aux USA, du bon matos. J’ai généralement cinq boards, puis si besoin j’en recommande en mi-saison. Economie économie… J’aimerais bien en prendre une quinzaine, mais j’ai un budget serré. Et puis je déconne pas avec, je ne les surfe qu’en contest, je vais pas aller envoyer des airs en free-session avec, pour ça j’ai mes vieilles. Mes neuves, j’en prends soin. Ma magic board, je l’ai gardé toute l’année, elle était ravagée à la fin. J’étais sponsorisé par Pukas pendant un moment et ils m’ont bien aidé, mais j’ai préféré partir sur Al Merrick. Après, c’est une histoire de feeling. 

Au quotidien sur le QS, tu gères seul ta logistique ? 

Ma mère m’aide beaucoup, parce que c’est du taff. J’ai de la chance, ma maman prend encore soin de moi (rires). Pour les logements, on partage souvent les frais entre compétiteurs.

« J‘AI LE TEMPS DE ME QUALIFIER QUAND JE VOIS JOAN QUI L’A FAIT A 28 ANS »

Pas trop compliqué de garder une hygiène de vie sérieuse loin de chez soi, sans vraiment d’encadrement ?

En compète je suis sérieux maintenant. Avant je l’étais un peu moins, on sortait même quand on n’avait rien à fêter. Parfois je prends une bière, mais je ne fais pas de vraies sorties, ou alors seulement si je le mérite. Il y a toujours la tentation, mais il ne faut pas tomber dans le piège. Je commence à être rodé, j’ai fait quelques années, et j’ai appris des aînés qui m’ont pris sous leur aile. 

Tu feras quoi si tu ne te qualifies pas à la fin de la saison ?

J’ai des plans, mais je ne vais pas m’arrêter de suite. Je n’ai que 23 ans, les gens ont tendance à l’oublier parce qu’ils me voient depuis longtemps, mais je suis encore jeune, j’ai le temps de ma qualifier quand je vois Joan qui l’a fait à 28 ans. Mais même si je ne me qualifie pas cette saison, ce n’est pas ma dernière année, c’est sûr. »

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North Shore novembre 2016 – ©Bosko


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3 commentaires

  • Surf40150
    31 mai 2017 11h29

    regarde bien le surf du WQS et le sien , tu verras si il est si limité que ca frontside.

    Répondre

  • Stefie
    26 mai 2017 18h12

    il lui manque surtout un cerveau a Ramzi pour se qualifier….
    sans parle de son surf frontside qui est ultra limité….

    Répondre

  • Yannn
    26 mai 2017 12h19

    « J’étais sponsorisé par Pukas mais pour se qualifier il faut de bonnes boards » sympa

    Répondre

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