Itzala, un documentaire sur le sauvetage sportif

"On voulait montrer ce qu’était notre sport et le quotidien d’un athlète de haut niveau."

28/04/2023 par Ondine Wislez Pons

Julen Marticorena dans Itzala de Arthur Picard
© Arthur Picard
Arthur Picard aux Culs Nus par Guillaume Arrieta
© Guillaume Arrieta
Julen Marticorena dans Itzala de Arthur Picard
© Arthur Picard

Avant tout, Itzala est un film documentaire réalisé par des amis animés d’un désir commun, celui de mettre en lumière leur passion pour l’océan et le sauvetage sportif.

À l’occasion de la sortie du film, nous avons échangé avec son réalisateur, Arthur Picard, autour de son projet désormais disponible sur sa chaîne YouTube. Arthur a suivi Julen Marticorena, athlète de haut niveau dans le sauvetage sportif, lors de sa saison 2020-2021. Champion de France, d’Europe et du monde, Julen s’est illustré de nombreuses fois dans ce sport. Il pratique également le surf, le bodysurf, le longboard, le kneeboard.

Le projet vidéo est né en 2020, pendant le Covid : « La pandémie a empêché Julen de s’entraîner, je sortais de mon BTS photo sans projet précis en tête et on a eu envie de faire un édit sur le sauvetage sportif. » En creusant un peu, ils se sont rendus compte que leur sport était peu représenté, que ce soit localement ou à l’échelle nationale, européenne et internationale. « On voulait montrer ce qu’était notre sport, le quotidien d’un athlète de haut niveau, l’univers qu’il y a autour et le côté waterman de Julen dont la vie est dédiée à l’océan » nous explique le réalisateur.

Le tournage

Arthur a donc suivi Julen lors de ses entraînements et des compétitions auxquelles il a participé. Il a également pu récupérer des images d’archive auprès de Kepa, le père de Julen : « Toute la première partie du film est faite d’images d’archives, les débuts de Julen en surf, parce qu’il a commencé par cela, puis en sauvetage. » Au début du tournage, en septembre 2020, les deux amis ne savaient pas encore que leur projet allait prendre une plus grande ampleur : « C’est en février 2021 que l’on s’est dit qu’on voulait faire un film documentaire et raconter une histoire, ce qui nous a donné des objectifs en terme de contenu vidéo. » Le sauvetage sportif comporte de nombreuses disciplines et chacune d’elle ont nécessité de nombreuses heures de tournage, étirant ce dernier jusqu’au début de l’année 2022.

Au cours de sa saison sportive 2020-2021, Julen s’est beaucoup entraîné seul. Il a suivi pendant de nombreuses années les entraînement du Biarritz Sauvetage Côtier, où il est toujours licencié, mais a changé de coach au cours de cette saison passée : « Il y a eu pas mal de temps forts au cours du tournage, j’ai vu Julen douter, souffrir, ce n’est pas évident de s’entraîner seul. » L’un des moments les plus marquants du tournage fut la victoire de Julen aux championnats de France longue distance qui eurent lieu à Hendaye en 2021 : « Cette épreuve de 10 km en paddleboard est une de ses spécialités, c’était l’un de ses objectifs principaux. Julen revenait d’une blessure et il avait totalement changé son mode d’entraînement. Il est revenu sur cette compétition avec l’envie de profiter et de se donner à fond. Il a gagné la compétition et terminé pour la seconde fois champion de France longue distance. C’était magnifique ! Beaucoup d’émotions se sont mélangées pour nous. Tout s’est joué à la fin, au moment de passer la ligne d’arrivé, sur le sprint final. » Arthur et Julen se connaissent depuis de nombreuses années. Ils se sont rencontrés au Bascs, le club de surf de la Milady à Biarritz avant de se suivre au Biarritz Sauvetage Côtier. Partenaires d’entraînement pendant longtemps, Arthur était bien placé pour comprendre ce que cette victoire signifiait : « Moi aussi j’ai fait du sauvetage sportif pendant des années, je fais encore des compétitions. Il y a un lien fort entre nous et je sais ce que ça signifie de s’entraîner, de se blesser, de rater des compétitions. Ce fut un vrai moment de joie, de voir mon pote atteindre l’un de ses objectifs. »

Le sauvetage sportif au Pays basque, une communauté forte

Comme Julen, Arthur pratique le sauvetage sportif depuis longtemps et c’était important pour eux de le mettre en lumière : « Il n’est pas assez représenté et quand il l’est, ce n’est pas d’une manière que l’on affectionne particulièrement. » Au Pays basque réside une importante communauté autour du sauvetage qui ne cesse de grandir. Le BSC existe depuis le milieu des années 1990 et deux clubs se sont créées par la suite à Anglet et Bidart : « Je me suis rendu compte du changement. Quand je suis arrivé au BSC il y a 12 ans, on était peu nombreux et lorsque l’on arrivait au line-up avec nos paddles et nos kayaks, les surfeurs nous regardaient bizarrement tandis qu’aujourd’hui tout le monde ou presque y inscrit ses enfants. C’est une école de la vie, qui permet d’appréhender les dangers et les bienfaits de l’océan, d’y être à l’aise. Il y a des valeurs plus fortes basées sur l’entraide, initialement il s’agit de sauver l’autre. C’est un sport beaucoup moins individualiste que le surf, si je devais comparer les deux. » 

Arthur entretient un lien très fort avec l’océan, autour duquel tourne sa vie toute entière. Pendant des années il a participé à des compétitions de bodysurf et de sauvetage et son activité professionnelle est elle aussi en lien avec l’océan : « Il me fascine et m’obnubile. D’un point de vie artistique et photographique, ce sont les détails, la texture et les mouvements qui m’intéressent. C’est pour moi un lieu intemporel, un espace de liberté infinie et mon rapport à lui est puissant, intime,  spirituel, je n’arriverais pas forcément à décrire cela avec des mots. Il n’est jamais figé, c’est pour cela qu’il m’apaise, parce que pour moi le plus important c’est la vie, le mouvement. » 

Quelle suite pour Itzala ? 

Le film a été présenté dans quelques festivals et projeté au Pays basque, dans les Landes et en Bretagne. Le 30 juin 2022, Itzala fut projeté à Biarritz, un moment symbolique pour les deux amis : «  C’était génial de faire ces avant-premières au Royal, le cinéma de notre enfance où on a tous été voir des documentaires ou des film de surf qui nous ont marqués. » Et quand on demande à Arthur quelle sera la suite pour son film, il nous répond ceci : « La suite, c’est tout simplement à ceux qui ont envie de le voir de la créer, d’en parler, de le montrer. Et j’espère que si quelqu’un ne sait pas ce qu’est le sauvetage sportif, il pourra regarder le film. »

Un projet qui a permis à son réalisateur d’en apprendre beaucoup sur le monde de l’audiovisuel. Il s’est frotté à toutes les étapes de la réalisation d’un film documentaire, il a filmé, monté, écrit l’histoire avec Julen, s’est occupé de la production, est allé chercher des petits sponsors pour financer des images d’archives et ensuite de la diffusion du film dans quelques cinémas et festivals : « J’ai tout fait avec le coeur et la passion. Peu importe les retours, on est très fiers de le sortir, humblement. J’espère que cela va ouvrir une brèche sur le sauvetage sportif, il n’y a pas encore de documentaire en France ni en Europe sur ce sport que je trouve magnifique et génial. » 

Une interview de Julen sera bientôt disponible sur notre site internet.

Julen Marticorena dans Itzala de Arthur Picard
Julen Marticorena par Arthur Picard dans Itzala
© Arthur Picard
Julen Marticorena par Arthur Picard dans Itzala
© Arthur Picard
Arthur Picard Itzala
© Robin Aussenac

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