Juliette Lacome : la compétition dans la peau

La Biarrote a 17 ans, du talent, et une carrière pro qui ne fait que commencer.

20/04/2020 par Maia Galot

Originaire de Biarritz, c’est du côté d’Anglet que Juliette Lacome commence le surf. On est alors en plein été dans une école de surf. Très vite, celle qui deviendra rapidement une surfeuse du team Roxy, reconnaît la chance qu’elle a de vivre près de l’océan et de pouvoir se mettre au surf. Elle est la première de sa famille à surfer et les sensations qu’elle découvre à l’eau en font une adepte

Après l’été, Juliette s’inscrit au Anglet Surf Club avec une amie, où elle fait ses premières armes. Au fil des années, le shortboard s’est imposé et sa progression a fait petit à petit raccourcir sa planche. Dans le surf, elle trouve des sensations qu’elle n’a pas connu dans les autres sports, un contact avec la nature et notamment avec l’océan qu’elle valorise beaucoup en plus d’une ambiance qui lui plaît.

Juliette Lacome Canaries Ténérife
Juliette Lacome
Juliette Lacome remporte sa première compétition internationale en Angleterre © WSL / Masurel

Le goût de la compétition

C’est avec une amie du club qu’elle s’essaie à sa première compétition : les Têtards à Biarritz. Cette compétition réservée aux moins de 14 ans et créée il y a plus de 50 ans par Jo Moraiz fait partie intégrante du patrimoine surf de la ville de Biarritz où elle a grandi. Juliette se lance pour s’amuser, sans anticipation. Suivront une ou deux autres compétitions, avant qu’elle ne participe au Grom Search en 2015. Alors qu’elle ne prenait pourtant pas encore la compétition sérieusement, Juliette remporte celle-ci à 12 ans. Et la voilà piquée. Quand on a connu la victoire, on y prend goût. Juliette devient « accro à la sensation de gagner« , et veut continuer dans cette lignée.

Sa plus grosse victoire à ce jour, c’est sa victoire sur le circuit QS lors du Roxy Open 2018 en Angleterre (QS 1000). Mais celle dont elle est la plus fière, c’est sa victoire au Roxy Junior Pro 40 (tour européen Junior Pro de la WSL) en juillet 2019.

Car après un début d’année compliqué suite à une blessure, Juliette est en partie démoralisée et a une grosse pression de résultat. Résultat qui lui permettra ou non de rester en course pour le titre européen. L’évènement se déroule à Hossegor, sur le spot du Santocha, (presque) à domicile. Sa famille, ses amis et ses sponsors sont présents. Et Juliette l’emporte. Elle reste encore marquée par sa performance ce jour-là : « c’est la première fois que j’étais vraiment fière de ma victoire« .

Ce podium lui permet de se hisser à la troisième place du classement mondial Junior 2019. Quelques jours après sa victoire, nous lui passions un coup de fil, pour revenir sur ses sensations et sur sa blessure. « Je suis vraiment contente de ma performance et cette victoire m’a redonné confiance pour la suite« , nous confiait alors la Biarrote.

Juliette Lacome
© WSL
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© @beoceankrui
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© WSL

Blessure, doute et expérience

Au sujet de sa blessure, elle ajoutait lors de notre coup de fil « qu’une déchirure de l’ischio-jambier n’est pas la meilleure blessure à avoir quand on surfe (rires). J’ai dû louper le Pro Junior en Bretagne et je n’ai pas non plus pu surfer de mon mieux au Pro Junior au Portugal car j’avais repris trop tôt… « .

Sa déchirure à l’ischio advenue en Australie juste avant les deux QS sur lesquels elle s’était inscrite avait en effet remis en doute son année. Après presque deux mois immobilisée et plusieurs semaines de kiné chaque jour, la rééducation a aussi joué sur le moral de la surfeuse, qui pense son année « fichue« . Sur les Pro Junior au Portugal, elle fait deux 1/4 mais force sur sa blessure et l’empire, la menant à la décision de ne pas se présenter sur l’événement de La Torche pour se remettre correctement. Cette période de repos strict lui aura aussi permis d’assurer sa performance à la reprise, sur le Pro Junior à Hossegor.

Préparation et objectifs, toujours de pair

Ses compétitions, Juliette les prépare toute l’année avec son coach Romain Laulhé. « C’est un duo » nous explique-t-elle. Au-delà d’être son coach, c’est aussi lui qui lui a appris à surfer au surf club. « Il m’a vu un peu dans tous mes états, donc c’est un lien qui est fort« . La Biarrote nous confiait déjà en 2019 que « Romain, c’est un peu comme mon grand frère, et c’est génial d’avoir de bonnes relations avec son coach. C’est grâce à lui aussi que j’en suis là« .

Pour la suite des événements, Juliette a peu d’informations. « Nous n’avons pas de nouvelles de la WSL, de nos sponsors ou de la Fédération française de surf. Je pense qu’ils vont devoir attendre que tout se calme« . Pour rappel, les compétitions sont pour le moment en stand-by jusqu’à fin mai.

Ses objectifs sont pourtant clairs : faire des QS en début de saison, puis se focaliser sur les Pro Junior dès la reprise. Elle vise un titre de championne d’Europe Pro Junior, une place en équipe de France et une bonne performance aux championnats du monde. Mais la Roxy Girl veut aussi anticiper l’année suivante avec un top 60 sur le QS qui lui permettra d’entrer directement sur tous les QS après ses 18 ans.

Car Juliette a en effet encore deux années pour évoluer sur le Tour Junior, et elle s’organise autour de ce dernier. « J’ai choisi quelques QS pour pouvoir m’entraîner et voyager, reprendre la compétition pour ne pas arriver sur les Pro Junior sans avoir fait de compet’ pendant longtemps. »

Les compétitions QS lui permettent donc pour le moment de garder le pied à l’étrier et la planche mouillée. Elle y voit aussi l’occasion d’apprendre, en se rapprochant de celles qui ont plus d’expérience, mais aussi l’occasion de voyager.

Surf & voyage, combo gagnant

Le voyage, c’est un autre aspect du surf que Juliette aime particulièrement. « J’ai mon petit crew pour voyager, on voyage entre Français« . Sur les QS elle découvre l’esprit d’équipe, les encouragements entres athlètes, et ça lui plaît. Dans ses souvenirs elle nous parle notamment de « super moments en Australie » : malgré une mauvaise performance suite à la fatigue de son passage à Sumatra en Indonésie, la surfeuse de 16 ans passe son temps avec Joan Duru, Maud Le Car et Coco Ho, et n’en garde que du positif. « J’ai jamais autant rigolé, c’était même plus une compétition en fait c’était un trip« .

En attendant, la junior s’occupe en confinement. Elle profite de ce temps pour avancer sur ses cours à domicile (via le CNED) en préparation du bac, fait des entraînements physique à la maison, essaye de bien manger en résistant au grignotage et passe « beaucoup de temps sur Netflix« .

On espère la revoir très vite en compétition !


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