Joel Tudor suspendu par la World Surf League !

Avec effet immédiat. Cela fait suite à ses prises de position concernant le longboard sur les réseaux sociaux.

10/03/2022 par Marc-Antoine Guet

C’est la première fois de l’histoire qu’un champion du monde en titre est suspendu par l’instance dirigeante officielle du surf qu’est la WSL.
Ces dernières heures, la League a en effet annoncé par l’intermédiaire d’un communiqué très officiel qu’elle « suspendait Joel Tudor de toutes les compétitions WSL, avec effet immédiat ». C’est ce que nous apprend The Inertia ce matin. 

D’après eux, « (Joel) Tudor a été suspendu pour avoir sciemment porté des accusations de corruption sans fondement (à l’encontre de la WSL) et pour avoir lancé des attaques contre la WSL et les dirigeants du circuit sur les réseaux sociaux ». Le communiqué précise aussi que le Californien « a été suspendu suite à une conduite préjudiciable à l’intégrité de la WSL selon le livre des règles de la WSL, qui comprend la violation des dispositions suivantes : conduite sportive (14.02), atteinte à l’image du surf (14.04) et agression verbale (14.08) ».

Pour mieux comprendre pourquoi la relation entre Joel Tudor et la WSL a atteint ce point de non retour, petit retour en arrière. 
Tout est parti d’un post Instagram (aujourd’hui supprimé) publié par Joel Tudor début février.
Dans ce post, le champion du monde de longboard WSL en titre affirmait que la World Surf League avait selon lui l’intention de supprimer le longboard Tour. Mais le très influent surfeur californien ne s’était pas arrêté là. Joel avait en effet décidé de poster des captures écran effectuées sur le site de la WSL, dans lesquelles on voyait dans un premier temps une longboardeuse et dans un second temps, un shortboardeur. Le but ce jour-là était de montrer que le post avec une longboardeuse avait été bien plus liké et commenté que celui du mec en shortboard. Joel s’était même permis le commentaire suivant en légende : 

« Yo @wsl @jessmileydyer @elo_eriklogan. Pouvez-vous expliquer ce genre d’égalité ? Ce n’est pas très cool de votre part de traiter les longboardeurs avec un tel manque de respect en ce qui concerne le salaire. C’est assez clair sur votre propre compte Instagram quel style est le plus favorisé par votre public ! Nous demandons instamment à toutes les filles, parents et amis de longboardeurs d’écrire à la @wsl pour leur demander pourquoi cela se produit encore… Sachant qu’ils ont aussi prévu de supprimer le Longboard Tour et de le résumer à une seule étape… Faites leur savoir que vous n’êtes pas d’accord, postez sur le sujet et faites du bruit pour que les choses s’arrangent ! Awoooooooooo ! »

L’influence de Tudor n’est plus à prouver et il est certain que la WSL a dû entendre ses oreilles siffler pendant quelques jours après la publication de ce post. Sans oublier que du haut de ses 45 ans, Joel Tudor est toujours jusqu’à aujourd’hui, le champion du monde WSL en titre. (Même s’il est important de rappeler ici, que ce n’est pas la WSL qui l’a rappelé pour participer au longboard Tour mais que c’est bien son égo qui l’a poussé à venir se mesurer aux jeunes). Contrairement à ce que l’on a voulu nous faire croire, le retour de Tudor sur le Tour n’était en rien une décision de la WSL pour marketer un peu plus le longboard. Le Californien ayant tout simplement payé sa participation aux étapes comme n’importe qui (ou presque) pourrait le faire.

Bref ceci est un autre sujet. 

Pour en revenir à la news du jour, il apparaît qu’aux yeux de la WSL, Joel Tudor est allé trop loin dans ses revendications et ses prises de parole, lui qui n’a jamais mâché ses mots quand il s’agissait d’évoquer les sujets houleux de la culture surf. Que ce soit concernant avec le localisme, la marijuana ou les compétitions, il est fort probable que les surfeurs « cores » se sentent plus proches de ses idées que de celles de la WSL. 

Oui Tudor est une nouvelle fois monté au créneau en février dernier pour défendre cette fois-ci l’intérêt des femmes et du longboard. Et si sur le fond il a plutôt raison, la question se pose de savoir s’il l’a vraiment fait dans l’intérêt général ou simplement pour flatter son image. Lui affirme le contraire. 

« Je ne fais pas ça pour moi. Je le fais pour la génération qui est là, qui grandit, qui est énorme… C’est pour les Kelis et toutes les autres, mon fils et d’autres personnes. Donnez juste à ces gars un traitement équitable. Ils sont valables. Ce qu’ils font est cool. Ils devraient être respectés. Vous n’avez pas à les payer comme les autres. Mais tu dois passer à la vitesse supérieure, mec. Ils ont de la valeur, et ils ont du poids. C’était le point central de mon message. Et si tu le nies, tu es dans le déni. » a t-il déclaré dans une interview accordée à LogRap en février dernier (et à retrouver ci-dessous).
S’il est important de rappeler que la WSL a bien lancé il y a quelques années déjà le mouvement pour l’égalité des salaires entre les hommes et les femmes, la question de l’intérêt qu’elle porte au longboard est légitime. Ce qu’a voulu montrer Joel, c’est que oui, le longboard intéresse aujourd’hui et qu’il y a une vraie communauté derrière aussi bien de pratiquants que de fans. Et que selon lui, la WSL gagnerait à légitimer un peu plus la discipline en lui offrant de meilleurs salaires et une meilleure visibilité. Sur ce point on ne va pas le contredire. 



The Inertia nous a livré quelques chiffres de comparaison : si une longboardeuse gagne bien le même prize money qu’un longboardeur sur un event, ces derniers ne reçoivent que 10 000$ pour le gain d’une étape, quand une victoire sur le WCT elle, rapporte 80 000$. Sans même comparer le nombre d’étapes du WCT avec celui du Longboard Tour.
Pour l’instant, pas ou peu d’informations concernant ce dernier justement. La WSL travaille sur le calendrier 2022 et plus d’informations devraient être partagées dans les semaines à venir. 

La durée de la suspension de Joel Tudor quant à elle n’a pas été précisée, mais un porte-parole de la WSL a fait référence à un article du règlement de la ligue selon lequel les athlètes bénéficient d’une période d’arbitrage de 10 jours pour faire appel avant que la durée de la suspension ne soit prononcée.
Si la mise à pied est immédiate, il est possible que Tudor ne soit suspendu que pour une durée spécifique de quelques mois, sans même manquer un événement. C’est là qu’on verra si la WSL ira au bout de ses idées.      

           


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