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rencontre avec Lucie Francini

"Je trouve que tout est plus beau dans l'eau et c'est pour cela que je préfère faire des images en aqua."

26/03/2022 par Rédaction Surf Session


Lucie vit au Pays basque. Elle est réalisatrice, vidéaste et photographe dans et hors de l’eau, cadreuse et monteuse. Elle réalise des films dont elle capture les images et s’investit dans des projets qui mettent en lumière des individus qui lui ressemblent, aussi engagés qu’inspirants. 

Rencontre. 
Peux-tu nous raconter tes débuts dans la photo, quand et comment as-tu été attirée par la photographie ? 
Lucie Francini – « À la base je ne m’étais jamais imaginée travailler un jour en tant que photographe et vidéaste. Je faisais un peu de photos comme ça, par passion et des vidéos de mes voyages, mais je n’ai jamais pensé pouvoir en faire mon métier. J’ai d’abord travaillé chez Salomon en tant que responsable contenu vidéo/photo pendant 4 ans.  
Avant de débarquer dans l’entreprise, je ne savais même pas que ce métier existait mais j’ai adoré mon boulot. Je passais beaucoup de temps dehors et j’ai rencontré plein de photographes et de vidéastes. Puis j’ai démissionné en 2017 pour rentrer dans le Sud-Ouest, l’océan me manquait trop. Je ne savais pas encore ce que j’allais faire, mais j’ai tenté de me lancer dans l’image. J’ai fait une formation pour bien solidifier mes bases en images, j’ai acheté mon matos et je me suis jetée à l’eau en me disant « si ça fonctionne tant mieux et sinon pas de regret, j’aurai essayé ».


À quoi ressemble ton matos ?
Lucie Francini – Comme j’aime faire des images à l’eau je choisis en priorité mes boitiers en fonction de l’existence d’un caisson étanche compatible. J’ai deux boitiers Sony, un orienté davantage photo et l’autre vidéo, un caisson pour chacun ainsi que des optiques. Je dispose également de matériel pour le son et pour la lumière, même si je travaille plutôt en lumière naturelle. Je préfère quand même travailler le plus léger possible et ne pas « m’encombrer » de trop de matériel, quitte à ce que mes plans soient un peu moins propres. Je trouve que c’est plus spontané et je me sens plus à l’aise avec du petit matos facile à manier. De toute façon je ne suis vraiment pas « technique ». J’ai toujours un peu de mal quand je dois racheter du matériel, ça ne m’intéresse pas trop de passer des heures là-dessus. 


Sur quels genres de détails et de couleurs est-ce que tu t’arrêtes ? 
Lucie Francini – Dans l’eau tout est plus fluide, plus léger, on est en apesanteur. J’adore les bulles et les jeux de lumière avec la surface. Je trouve que tout est plus beau dans l’eau et c’est pour cela que je préfère faire des images en aqua. J’aime aussi les corps, les visages, le grain de la peau… J’aime de plus en plus photographier les gens, notamment dans l’eau ou dans la nature en général. 


Quelle est ta conception de la photo de surf parfaite ? 
Lucie Francini – Qu’elle ne soit pas parfaite justement. J’aime bien la photo de surf en aqua où tu te sens un peu « enveloppé » dans l’élément, au ras de l’eau. J’aime aussi quand on sent l’émotion du.de la surfeur.euse et quand il y a une osmose entre la personne, la planche et l’eau. 

Quelles sont tes sources d’inspiration ? 
Lucie Francini – En vidéo j’aime raconter l’histoire de personnes qui font bouger les lignes, qui s’engagent pour des causes, notamment environnementales. Comme ça me touche, je me dis que ça va également toucher d’autres personnes qui auront envie de changer les choses à leur tour. Je me sers de l’image pour mettre en lumière ceux qui osent s’engager. Je pense notamment à mon dernier film court « Engagé », qui fait le portrait de Jérôme Junqua un surfeur engagé pour la protection des dauphins ou les fondateurs du mouvement Rame pour ta planète qu’on a suivi avec Sabina Hourcade. En fait je suis motivée par l’idée de raconter des histoires qui sont porteuses de sens et d’avenir, je cherche à « éveiller les consciences » à travers le portrait des autres.  

Quelle est la meilleure session que tu aies vécu derrière l’objectif ? 
Lucie Francini – C’est très dur de répondre à cette question parce qu’il y en a eu plein ! Mais je pense quand même que les rames qu’on a filmé en 2019 pour le film « Rame pour ta planète » étaient des moments très forts en émotion, surtout la dernière rame avant le G7 où il y avait 350 surfeurs à l’eau pour manifester pour la protection de l’océan. Il y a eu aussi une session surf à Guéthary après une rame où tout le monde surfait ensemble, à plusieurs sur les vagues, c’était super drôle et ça n’arrive jamais en temps normal ! 

Si tu devais choisir un spot au Pays basque à shooter, lequel serait-il ?
Lucie Francini – J’adore Bidart. Je passe beaucoup de temps à Ilbarritz, au Pavillon et aux 100 marches surtout. J’aime beaucoup les couleurs un peu laiteuses de l’eau et de la roche rose. Le fait que le spot soit un peu plus sauvage me plait, mais aussi qu’il n’y ait pas de parking juste devant et que l’on doive marcher un peu pour y accéder.  


Y a-t-il des spots que tu t’interdis de shooter, par peur de révéler des indications géographiques ? 
Lucie Francini – Il n’y a plus beaucoup de secret spots dans le Pays basque et la plupart du temps je shoote sur des spots que tout le monde connait. Quand je shoote en dehors du Pays Basque je fais attention. Comme en surf, il ne s’agit pas de débarquer avec son appareil comme ça sans se poser de questions à propos des gens qui vivent là, y surfent et y travaillent. Le contexte est important. 


Comment fais-tu pour innover dans tes prises de vue ? 
Lucie Francini – Je sais pas si je cherche forcément à innover mais j’aime bien tester des types de projets différents (des mariages, des photos de grossesse ou de nu). Je trouve que ça oblige à s’adapter et le fait de se retrouver dans un autre univers que celui où l’on a l’habitude de shooter rend créatif. C’est la variété des projets qui me plait et me fait progresser. Je shoote aussi beaucoup avec mon copain qui est surfeur et avec ma partner in crime, Anouk Corolleur, une très bonne longboardeuse toujours motivée pour partir à l’aventure et tester des idées, que ce soit en photo ou en vidéo. C’est super d’avoir des personnes de confiance avec qui tester ses idées et faire des projets créatifs ! 


As-tu déjà voyagé pour la photo ?
Lucie Francini – Oui, pour filmer des retraites de surf ou pour des marques quand c’est l’hiver ici et qu’on ne peut pas shooter. Mais j’ai beaucoup réduit mes déplacements en avion, donc ça me laisse un peu moins d’option de voyage. J’essaie de travailler plus en local dans la région, en France et dans des pays accessibles en voiture ou en train. Il y a quelques années je ne me posais pas de questions sur mes déplacements, mais aujourd’hui c’est un peu le dilemme et ce n’est pas toujours facile d’être en cohérence avec ses valeurs. Il y a déjà tellement de beaux spots en France que j’ai de quoi faire, je ne me lasse pas des spots du Pays Basque et des Landes ! 


Y a-t-il des destinations qui te font rêver pour shooter ? 
Lucie Francini – J’adore la Bretagne, notamment le Finistère sud où j’ai la chance d’aller régulièrement depuis que je suis petite. J’aime bien ce côté un peu mystique, sauvage, où la nature est brute. 


Y a-t-il des surfeurs professionnels que tu rêverais de shooter ?

Lucie Francini – Oui, il y en a beaucoup que j’aimerais rencontrer et shooter. Je pense à Johanne Defay, Belinda Baggs, Emmanuelle Joly, Liz Clark, Léa Brassy… Elles sont super inspirantes !


Peux-tu nous parler de ton intérêt pour la vidéo ? 
Lucie Francini – Je fais plus de vidéo que de photo car j’aime pouvoir raconter une histoire, j’aime beaucoup la partie qui touche à la réalisation. J’aime aussi faire le montage en rythme avec la musique. J’adore me renseigner à fond sur un sujet et élaborer une histoire avec du sens. Je me tourne de plus en plus vers le film documentaire, je suis d’ailleurs sur un projet de film depuis 2 ans avec une autre réalisatrice, Sabina Hourcade. Nous suivons une bergère sans terre près de Saint-Jean-Pied-de-Port. C’est une autre manière de travailler, sur le long terme et beaucoup plus en profondeur donc ça me plait. On apprend beaucoup de cette expérience. Les métiers de l’image sont tellement variés… J’aime le fait de pouvoir faire plein de choses différentes et rencontrer des gens passionnants. »



Et voici trois photos de son portfolio décryptées techniquement !

Biarritz, la Grande Plage avec Anouk Corolleur, juillet 2021, Sony A7SIII et caisson aquatech. 
« J’aime beaucoup le contraste du rocher et d’Anouk, minuscule, qui attend sa vague. On était seules ce jour-là et c’est un beau souvenir. » 
 

Guéthary, printemps 2021, Sony A7III.
« On dirait qu’ils sont dans les nuages, on ne sait même pas vraiment si c’est une photo de surf. » 

Maroc 2018, GH5. 
« Cette photo est un peu lunaire, on se croirait ailleurs, un peu dans un rêve avec le glassy de l’eau, le soleil comme une toute petite boule de feu et la silhouette du surfeur. » 
> Par Ondine Wislez Pons

         


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