Pastu, "l’ambassadeur" du surf vendéen

Actu, business, Al Merrick, contests, Greg Pastusiak répond à nos questions...

14/02/2010 par Romain Ferrand

A 35 ans, et un palmarès de 4 titres de Champion de France et un titre de vice-Champion d’Europe EPSA, Gregory Pastusiak, aka Pastu, s’est aujourd’hui retiré du circuit professionnel de surf.

Après avoir porté le lycra de compétiteur pendant une vingtaine d’années, il aspire désormais à d’autres choses, mais est toujours le premier à l’eau quand les conditions sont là.

Propriétaire de 2 surf shops, il porte un regard intéressant sur le développement du surf en France et le surf-business en général.

Par ailleurs très pointu avec son matériel, il possède un quiver personnel de plusieurs dizaines de planches (voir photo !) et entretient des liens privilégiés avec certains des plus grands shapeurs du monde.

Bref, un personnage intéressant, que surfsess’.com  a rencontré pour vous :

Salut Greg ! Quoi de neuf ?

Tout va bien pour le moment. Après un bon petit trip à Bali, j’ai profité des bonnes houles qui se sont succédées en Vendée depuis décembre, et je continue à m’occuper de mes magasins !

Tu es l’emblème du surf vendéen depuis des années. Comment as-tu vu évoluer ce sport dans la région ?

C’est clair que les choses ont bien changé depuis que j’ai commencé le surf. Tout d’abord, il y a beaucoup plus de monde a l’eau. Les instances politiques ont pris conscience du phénomène surf, avec malheureusement un manque de connaissances de notre milieu et de sa culture. Ce qui est surprenant, c’est que malgré les possibilités qu’offre le surf et le développement des soi-disant « structures surf », il n’y a pas de jeunes qui sortent du lot dans le département en dehors de Tristan Guilbaud et Marie Dejean…

Tu possèdes un surfshop à St Gilles Croix de Vie depuis longtemps. Comment le marché du surf vit la crise ? Pourquoi ?

Cela fait une quinzaine d’années que j’ai créé Point Break Surf Shop. Aujourd’hui les choses semblent évoluer. Je ne sais pas si c’est réellement dû à la crise, mais les habitudes des gens changent, surtout sur le textile qui bien sur touche une faible quantité du milieu surf, car les 3/4 des gens qui consomment ne pratiquent pas le surf. A l’inverse, les ventes de matériel technique (planches, combinaisons, accessoires) ne cessent de progresser. Je pense que notre force, par rapport a Internet et à la grande distribution, reste les conseils qu’on peut apporter. Il y a tellement de gens qui racontent n’importe quoi sur le matos… Il est évident qu’avec mon passé, mes connaissance et ma passion, nous restons a la pointe sur le technique. je remercie d’ailleurs au passage tous ces surfers, shapers de légende et autres, souvent restés dans l’ombre mais à qui le surf doit beaucoup…

Quel est ton point de vue sur le surf business actuel ?

Questions difficile pour moi, car je me retrouve un peu des deux côtés de la chose ! Pour faire simple, je pense qu’il faut préserver les valeurs et la culture du surf tous en les adaptant à notre époque. On voit souvent l’image du surf utilisée et dégradée par des opportunistes qui ne savent même pas de quoi ils parlent. A nous surfeurs de faire évoluer les choses avec professionnalisme et modernisme, sans détruire les bases. Je pense que le surf ne doit pas se limiter à sa pratique, mais évoluer avec tout ce qui l’entoure. Continuons a surfer avec l’esprit et les yeux ouverts !

On a pu te voir régulièrement dans les vagues landaises ces derniers mois… Quels sont les avantages et les inconvénients par rapport à la Vendée ?

J’ai effectivement passé une partie de l’année dernière sur Capbreton. Les conditions climatiques sont souvent plus clémentes et la puissance des vagues bien plus élevée  qu’en Vendée ! Mais ce qui est intéressant chez nous, c’est de pouvoir surfer une diversité de vagues plus importantes (des reefs, des point breaks, des beach-breaks, et ce par toutes les conditions). Je pense avoir plus appris techniquement sur les vagues vendéennes. Maintenant il est certain que pour le plaisir, le climat et surtout l’apprentissage dans le gros surf, le Sud reste incontournable.

On t’a probablement souvent posé la question : pourquoi ne t’es-tu jamais installé dans le  sud-ouest ?

Tout simplement parce que ma vie, ma famille, mon business étaient ici ! Et puis je bougeais tout le temps avec les compètes et les surftrips. J »adore notamment Bali, je compte y passer plus de temps dans l’avenir…

Tu es un des pros les plus exigeants au niveau de ses planches. Tu as de bonnes relations avec Al Merrick. Tu peux nous en dire plus sur votre collaboration ?

Oui, on dit souvent cela de moi. D’ailleurs si vous en parlez avec Eric Rebière et Didier Piter, ils vous diront qu’ils m’ont souvent demandé de leur commander leur boards. J ai réellement rencontré Al en 1999 en allant à Santa Barbara le voir pour mes planches. Je pense que Al était heureux à l’époque des retombées de Miky, Fredo et moi-même en France. Puis je suis resté en contact avec lui par mail et lui commandais souvent des planches. Beaucoup de surfeurs se font faire des planches par plusieurs shapers. Pour moi il y a eu ensuite Christian Bradley qui shapait pour Channel Islands avant de devenir le shaper de Quiksilver, et avec qui je travaille aussi très étroitement aujourd’hui et qui shape vraiment de très bonnes planches.

Et puis il y a aussi Simon Anderson que je connais depuis l’âge de 16 ans et qui me fait quelques planches quand il vient en France. J’ai beaucoup de respect pour tous ces gens qui sont dans la poussière, la résine… Il ne faut pas oublier que c’est grâce a eux que tout cela existe et continue à exister.

Qu’est-ce que tu penses de la révolution actuelle dans le shape (notamment ces planches de plus en plus courtes) ?

Les planches sont de plus en plus courtes jusqu’à une certaine taille et un certain niveau de surf ! Je pense que dans la plupart des conditions tous ces nouveaux shapes se révèlent excellents. Mais attention : il ne faut pas confondre cette nouvelle tendance avec les fishs. Beaucoup de gens écoutent souvent tout et n’importe quoi sur les planches ! Je pense que quoi qu’il en soit, il est toujours bénéfique de tester différents types de planches, ça ouvre l’esprit et permet d’aborder la glisse autrement. Fred Compagnon en est le meilleur exemple ! Pour ceux qui ne connaissent pas, regardez ses vidéos sur youtube et vous comprendrez ce que je veux dire par esprit ouvert. Pour finir sur ces boards de plus en plus courtes, je trouve que c’est une bonne chose. Je me suis aperçu qu’elles partaient mieux à la rame, que je pouvais me retrouver à des endroits différents de la vague, mais que cela restait du surf comme avec une planche traditionnelle. Que du plus en fait ! Et puis elles conviennent a tout niveau et tout gabarit, il suffit de bien les adapter.

Où en es-tu avec la compète ?

(rires) Je pense faire quelques compétitions en Europe pour le plaisir, c’est toujours cool de revoir tous ses potes, et puis j’aime ça, je l’ai fait pendant plus de 15 ans ! Je voulais déjà le faire cette année mais des problèmes de dos m’en ont empêché. Après visites chez le spécialiste, ça va mieux. Donc à la saison prochaine !

Qui sont tes surfeurs préférés ? Et en Europe ? En tant qu’ancien compétiteur, que penses-tu du niveau actuel des européens ?

Mes surfeurs préférés sont Kelly, Andy (Irons) et Dane (Reynolds). Quant aux européens, je pense qu’ils sont au niveau et ils ont su le montrer. A part une dizaine de mecs qui sont au dessus de tous sur le World Tour, Miky, Jeremy, Patrick, Michel…ont leur place dans l’élite, mais la compète est parfois faite de pleins de petits détails (jugement, chance, vagues, planches..) qui font que ce ne sont pas toujours les meilleurs du moment qui gagnent. Mais bon c’est la compétition. Je pense que l’Euroforce ne fait que commencer.


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