Zoé Jaeckin, 17 ans, entre carrière pro et études

"Je pense que la maturité s'acquiert avec l'expérience plus qu'avec l'âge."

21/04/2023 par Rédaction Surf Session

Photo de une par ©Paul Lavoine

Zoé Jaeckin s’entraîne au Hossegor Surf Club, là où elle vit quand elle n’est pas en voyage pour des compétitions ou des surf trips. Nous avons pu d’échanger avec elle, quelques jours après sa victoire à la Maider Arosteguy à Biarritz et juste avant son départ pour les Maldives, où elle s’entraîne actuellement. À seulement 17 ans, la Landaise doit organiser son temps entre le lycée, l’approche du bac, les entraînements, les voyages, ses relations amicales et sa vie adolescente. Nous avons fait le point avec elle sur ses projets et ses objectifs à court et à long terme.

Zoé Jaeckin
Zoé Jaeckin par ©Paul Lavoine

Surf Session – Salut Zoé, tu rentres juste de voyage, raconte nous d’où tu arrives !

Zoé Jaeckin –  » J’’étais partie trois jours pour une compétition avec le team Roxy. Je suis allée à Tenerife avec Hina Conradi, Annette Gonzalez Etxabarri et Heimiti Fierro pour participer au Punta Blanca. C’était franchement top, je n’étais jamais allée à Tenerife et ça a été une super bonne expérience, on a eu de bonnes vagues ! On est parti 3 jours, c’était un « fast trip » du jeudi au dimanche et on avait pris nos billets le mercredi (rires). On s’y est pris aussi tard parce que Mathias, notre team manager, devait attendre la confirmation que l’on puisse toutes y aller avant de réserver.

Zoé Jaeckin lors du Pro Junior qui avait lieu aux Açores ©Damien Poullenot / WSL
Zoé Jaeckin lors du Pro Junior aux Açores ©Damien Poullenot / WSL

SS – Et côté résultats, ça a donné quoi ?

ZJ – J’ai terminé 5ème. Lors de ma demi-finale j’ai pourtant fait le meilleur score mais je n’ai pas trouvé de back-up et je me suis faite bloquer par une Marocaine. J’avais besoin d’1,5 points pour passer mais je n’avais que 1 point comme backup, c’était hyper frustrant mais c’est comme ça que l’on apprend. Hina a fait troisième et Anette deuxième. Nous sommes ensuite rentrées en France pour participer à la Maider.

SS – Parle-nous justement de ta belle victoire à la Maider !

ZJ – C’est la première compétition nationale de l’année, donc c’est toujours un peu stressant. Surtout que l’an dernier j’avais déjà fait de bons résultats et je voulais faire mieux. Cette année il y a les qualifications pour les championnats du monde ISA, il faut se donner à fond ! Ce n’est pas encore la dernière ligne droite mais c’est justement là où il ne faut pas lâcher. Ça fait toujours plaisir de gagner, ça te met en confiance et tu es directement dans le bain pour la saison.

Zoé Jaeckin Maider Arosteguy
Zoé Jaeckin sur la première place du podium de la Maider Arosteguy ©Victor Perez Pinaud

SS – Peux-tu nous parler plus précisément du circuit national ?

ZJ – Il y a d’abord le Pro Junior au Maroc. L’an dernier, j’ai terminé troisième là-bas et j’ai envie de le remporter cette année. Ensuite il y a la Coupe de France qui aura lieu en Vendée, à la Sauzaie. Je n’ai jamais surfé là-bas mais je sais que les vagues sont funs. Puis il y aura les championnats d’Aquitaine, les championnats des Landes et d’autres coupes de France. Les Pro Juniors reprennent en septembre, on en a trois. Je sais qu’il y a une volonté de remettre l’étape des Challengers à Hossegor mais la mairie ne veut que d’un CT, alors que pourtant il y a du niveau sur les Challengers. Cette année il n’y aura donc ni Challenger, ni Pro Junior, ni CT à Hossegor… Certains bataillent pour remédier à ça. Je sais qu’il a été question de créer une étape des Challengers à Capbreton en y associant un Pro Junior, mais il y a une volonté de limiter l’accès au Pro Junior, qui sont aujourd’hui très accessibles. Les organisateurs souhaiteraient que la Fédération Française de Surf présélectionne les athlètes pour qu’ils soient moins nombreux à participer et que l’étape du Pro Junior dure moins longtemps. Au Maroc elle dure cinq jours mais habituellement ce genre de compétition ne dure qu’un ou deux jours. Cela nous permettrait de participer à plus de Pro Juniors.

SS – Comment combines-tu ce planning avec tes cours ?

ZJ – Oui, je viens de passer le bac. Quand je suis rentrée tout s’est enchaîné, j’ai bossé à fond et ça s’est super bien passé. Je viens d’avoir mes résultats et j’ai mon bac juste avec les spécialités, je suis contente ! Je pars dimanche aux Maldives pendant dix jours et il me reste mon oral d’option que je passerai le 24 avril quand je serai encore là-bas. Je rentre en France le 26, le lendemain je passe l’épreuve de sport toute la journée à Mont-de-Marsan et le 28 au matin je prends l’avion direction le Maroc pour le Pro Junior. Ça fait beaucoup mais il y a pire à gérer, je suis consciente d’avoir beaucoup de chance.

Zoé Jaeckin en Australie par ©Travis Johnson
Zoé Jaeckin en Australie par ©Travis Johnson

SS – Tu estimes que c’est une chance ?

ZJ – Oui ! Certes il y a beaucoup de travail. Ce qui est difficile c’est de trouver du temps pour soi, pour se reposer, faire des grasses matinées, récupérer, bien manger… Je suis jeune et j’ai envie de conserver une vie sociale, de rester proche de mes copains d’ici, à qui je tiens vraiment et que je connais depuis l’enfance. Et ce qui est cool c’est que j’ai aussi des amis partout dans le monde. La plupart des gens de mon âge sortent mais moi j’évite. Récemment j’avais le percent (pendant la Maider Arosteguy : ndlr) et il y avait la foire au jambon à Bayonne, mais je n’ai fêté ni l’un ni l’autre. Il faut avoir le mental mais je sais pourquoi je le fais, pour les compétitions. C’est une chance mais il y a des choix à faire qui ne sont pas forcément faciles. Quand tu es toujours en déplacement ce n’est pas évident de maintenir des relations amicales ou amoureuses. Certains ne comprennent pas toujours que je me préserve pour les compétitions mais je sais que si je fais la fête, je serai fatiguée et ça déteindrait sur mes performances.

Zoe Jaeckin
©Lucie Francini

SS – Donc tu vis tout cela plutôt bien ?

ZJ – Je le vis hyper bien ! Je me prive de temps en temps, comme là avec le percent qui est un moment fort que tu vis en terminale avec tes copains. C’était dur mais derrière j’ai performé à la Maider, je suis arrivée première, comme quoi ça a payé ! J’ai des copains compréhensifs qui sont là pour me soutenir et une famille de surfeurs. Ils sont tous à fond derrière moi. Je suis très entourée, c’est le plus important. Quand tu veux aller plus loin et que tu ne l’es pas, c’est difficile.

SS – Tu évoquais en off tout à l’heure ton expérience Australienne en 2019, lorsque tu es partie étudier au Salt Water Institute en 2019 l’année de tes 13 ans, peux-tu nous en dire plus ?

ZJ – C’était un programme de sept semaines et l’école se situait à Torquay. On avait cours le matin et on surfait l’après-midi. Tout ce que l’on étudie est tourné sur le surf, en histoire on a travaillé sur les origines et les évolutions du surf, pour les maths on portait un GPS sur nous pendant les sessions et on en étudiait les données ensuite. Dans d’autres cours on étudiait les fonds marins. J’ai eu la chance d’être accueillie par les Green, les gérants de Quiksilver le week-end, ainsi que par la famille qui gère Rip Curl pendant la semaine.

SS – Ton niveau en anglais a dû exploser !

ZJ – (rires) J’arrivais déjà avec de bonnes bases là-bas. J’ai une grand-mère anglaise et je voyage tout le temps, mais oui j’ai progressé.

Zoé Jaeckin par ©Paul Lavoine
Zoé Jaeckin par ©Paul Lavoine

SS – Au quotidien, as-tu réussi à te créer un groupe d’amis, avec qui cela t’arrive de voyager ?

ZJ – Oui, surtout grâce au Hossegor Surf Club et je suis très sociable. Je suis tout le temps avec Tim Ehrhard, Keoni Van Der Bij… On est tous dans le même mouvement, on traîne tout le temps ensemble.

SS – Et sur les compétitions, comment ça passe entre les filles ? Y a-t-il un lien entre vous ?

ZJ – Ça dépend des filles, il y a parfois de petits conflits. Personnellement c’est pour éviter ça que j’ai beaucoup plus d’amis garçons. Je m’entends aussi très bien avec les filles mais quand je suis dans l’eau, il n’y a plus d’amitiés qui tiennent et c’est le cas pour tout le monde. C’est aussi comme ça que tu règles tes comptes (rires). Mais de manière générale, dans l’univers du surf, l’expérience que l’on a nous rend mature relativement tôt. Je pense que la maturité s’acquiert avec l’expérience plus qu’avec l’âge.

Zoe Jaeckin Hossegor
Zoé Jaeckin chez elle à Hossegor

SS – Après les Pro Juniors tu envisages quoi, du point de vue des compétitions mais aussi de tes études ?

ZJ – Avant les Pro Juniors étaient réservés au moins de 18 ans mais maintenant on peut y participer jusqu’à 21 ans, il me reste donc encore pas mal d’années. Mon objectif est d’être championne d’Europe. Janire Gonzalez a remporté trois titres de championne d’Europe, elle peut donc se qualifier sur les Challenger et souhaite ensuite atteindre le CT. Sur le tour Junior beaucoup commencent à être plus vieux, ça va libérer des places. Cette année, je vais commencer les QS. Je compte faire l’étape en Israël puis aller à Pantin, Lacanau, Anglet et peut être en Angleterre. Je vais tout donner pour accéder aux Challenger Series d’ici 2-3 ans.

J’aimerais étudier à Kedge Bayonne pour pouvoir mener un double projet scolaire et sportif. Ils ont un programme adapté aux sportifs de haut niveau. Les horaires sont aménagées et je peux suivre mes cours en distanciel toute l’année quand je suis en voyage ou en compétition. Je dois simplement être présente pour les partiels. Je ne sais pas encore ce que je veux faire mais j’aimerais trouver une formation assez générale dans le domaine du commerce ou de l’événementiel et plus tard aller à l’université.

En parallèle je vais donc continuer à voyager l’hiver, car mettre la cagoule, les chaussons et la 4/3 dans l’eau froide ne permet pas de progresser autant que de passer ses hivers au chaud, à Hawaii ou en Australie, où tu peux passer des heures à l’eau.

Zoé Jaeckin Pro Junior Açores
Zoé Jaeckin lors du Pro Junior aux Açores © Damien Poullenot / WSL

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