Australie : un Français nous raconte sa folle session à The Right…

"Je lui ai demandé de me lancer sur une bombe, la plus grosse possible."

04/06/2024 par Ondine Wislez Pons

© Ari Wolfl
© Ari Wolfl

Une question revient souvent à propos de la fameuse vague australienne « The Right », est-elle la vague la plus dangereuse de la planète ? Un questionnement tout à fait légitime quand on sait combien ce slab est gros, rapide, puissant, et surtout à quel point les masses d’eau qui s’abattent sur le récif peu profond sont lourdes, formant parfois des barrels de six mètres de haut.

Découvert en 2007, ce monstre australien est le fruit d’une formation rocheuse sous-marine unique qui, canalisant et concentrant une houle bien orientée, donne une vague d’une puissance absolue, la rendant difficilement surfable, accessible seulement aux surfeurs les plus expérimentés. Protégé par les locaux, l’emplacement exact de la vague est un secret bien gardé. Situé en Australie de l’Ouest, ce monstre d’eau se trouve quelque part au large de Walpole, à plus d’un kilomètre des côtes.

Pour la seconde fois de sa jeune existence le Français Alexandre Tible a eu la chance – et le courage – de s’attaquer en tow-in à The Right le 27 mai dernier. Avant de d’entrer dans le vif du sujet, une petite présentation s’impose. Alexandre est Breton, originaire des Côtes-d’Armor, près du Cap Fréhel. Il a découvert le surf à l’occasion d’un voyage à la Réunion l’année de ses 7 ans, une pratique qui ne le quittera plus, devenant même l’une des lignes directrices de sa vie. Depuis 6 ans, le Français habite à Margaret River, en Australie-Occidentale, où il surfe dès qu’il en a l’occasion. Un territoire qui lui a permis de passer à un niveau supérieur de sa pratique, notamment en termes de taille de vagues. Nous lui avons demandé de revenir sur cette folle journée de tow-in de la fin du mois de mai.

Surf Session – Salut Alexandre, peux-tu nous dire comment tu t’es retrouvé à surfer The Right ?

Alexandre Tible – Mon pote local Dave Bowden m’a proposé de faire du tow-in avec lui l’année dernière, alors j’ai acheté tout l’équipement qu’il me fallait pour surfer des grosses vagues et je me suis lancé à ses côtés. Notre première session eut lieu à Cow Bombie, l’une des plus grosses vagues d’Australie, puis à The Right quelques semaines plus tard. Il me semble qu’aucun Français n’avait encore surfé The Right, je me suis donc dit que j’allais conquérir cette vague (rires).

© Ari Wolfl

Ce 27 mai, était-ce la première fois que tu surfais là-bas ?

Non, je l’ai surfée pour la première fois l’année dernière, mais aucune photo n’avait été prise au cours de la session. Cette année, les choses ont été différentes.

Peux-tu nous remettre dans le contexte de cette fameuse journée ?

Je rentrais tout juste de trois semaines de travail dans le North West, perfect timing ! Mon pote Dave, avec qui je fais du tow-in, m’a passé un coup de téléphone pour me dire que les prévisions avaient l’air bonnes et la veille du swell on a décidé qu’on allait se faire une mission à The Right. Je n’avais pas fait de tow-in depuis un an et le dernier swell à The Right, je n’étais donc pas au top niveau confiance en moi. Mais le swell avait l’air dingue et c’est une opportunité très rare, qui ne se refuse pas quand on veut surfer des gros barrels. On est parti avec notre crew, un cameraman, Dave et ma copine, et après trois heures de route direction Walpole, on est arrivé au camping pour y passer la nuit.

La session a donc eu lieu le lendemain ?

Le lendemain en se réveillant on est allé checker The Right depuis la falaise. Ça avait l’air de fonctionner, la vague s’était bel et bien réveillée, mais le vent était onshore, le spot n’était pas très propre et ça avait l’air vraiment dangereux. Plus on regardait le spot et plus le swell grossissait, on s’est alors décidé à aller à l’eau. On s’est changé, on a mis les jet skis à l’eau et c’était parti.

Quel a été ton ressenti, une fois arrivé au line-up ?

En arrivant au line up, on s’est rendu compte que la journée allait être folle. La vague était incroyable, aussi grosse qu’effrayante. La direction de la houle était bonne, il n’y avait donc presque pas de close-out. À ce moment-là il pleuvait, il y avait du vent, ce qui ne rendait pas le spot très amical, mais plus le temps passait plus les conditions s’amélioraient.

Tu t’es donc mis à l’eau ?

Oui, le moment est venu pour moi de me mettre à l’eau. Dave a commencé à me tracter sur une première vague plutôt petite pour le spot, puis sur une seconde un peu plus grosse. Cette deuxième vague m’a permis de gagner en confiance, je lui ai alors demandé de me lancer sur une bombe, la plus grosse possible. C’est ce qu’il a essayé de faire, tout en respectant les locaux à l’eau ce jour-là et qui ont la priorité sur les plus grosses séries. J’ai vécu une sorte de rêve éveillé en enchaînant, barrel après barrel, sans wipeout et en sortant de chacun des tubes que j’ai pris. C’était que du bonheur, merci la vie !

© Ari Wolfl
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