Local Focale : Arthur Picard

"J'espère avoir une personnalité assez singulière pour ne pas avoir à produire le même travail que d'autres photographes".

17/11/2022 par Marc-Antoine Guet

Arthur Picard surfeur

C’est un garçon passionné, souriant et travailleur que nous avons eu la chance d’interviewer pour notre rubrique consacrée aux photographes français. Bodysurfeur reconnu et engagé, Arthur Picard commence depuis quelques temps déjà à se faire un nom également de l’autre côté de l’objectif. Que ce soit en photos ou en vidéos, ce photographe, réalisateur et sportif de haut niveau commence à se faire une place. Preuve de son talent, il a pu voir projeté sur grand écran ces derniers temps son tout premier documentaire sportif intitulé « ITZALA », consacré à Julen Marticorena, champion de France, d’Europe et du monde de sauvetage sportif. Entretien avec ce photographe basque, diplômé du BTS photographie de Biarritz, et qui fut aussi sauveteur côtier durant 4 ans sur les plages d’Anglet.

Arthur, peux-tu nous raconter tes débuts dans la photo, quand et comment as-tu été attiré par la photographie ?

Ma passion pour l’image a débuté durant mon adolescence. Influencé par mon père et mon grand frère, je me suis rapidement retrouvé avec un appareil photo dans les mains. Que cela soit en vidéo ou en photo, immortaliser des moments de vie m’a rapidement séduit. Au fur et à mesure des années, la photographie s’est écartée de mon chemin afin de laisser une place prépondérante à la réalisation vidéo. Ce qui m’a mené à postuler ainsi qu’à être refusé à deux reprises du BTS audiovisuel de Biarritz. Je me suis donc retrouvé au BTS photographie de Biarritz. C’est à ce moment-là qu’une réelle passion pour la photographie a émergé en moi.

À quoi ressemble ton matos ?

Je ne suis pas un « geek » et ne cherche pas à absolument posséder le dernier équipement qui sort. J’ai un vieux boitier SONY A7II et un A7III avec 3 optiques : 50 mm, 24-105 mm et 100-400 mm. Mon caisson étanche est un AQUATECH. Je possède quelques accessoires en plus, comme des filtres ND par exemple. Un Polaroïd et plusieurs boitiers argentiques viennent compléter mon étagère. Avec tous ce matériel, je suis assez libre dans ma pratique artistique.

Sur quels genres de détails et de couleurs est-ce que tu t’arrêtes ?

La texture de l’océan engendrée par son mouvement perpétuel est le sujet principale de mon travail. Sinon des cadres serrés sur les surfeurs (visage, position du corps) sont des images que j’aime réaliser. À mon goût, toutes les couleurs sont intéressantes à travailler. Du lever du soleil au coucher de celui-ci, énormément d’images sont possibles. Tout dépend ce que l’on souhaite réaliser, mettre en avant etc. J’apporte une attention particulière aux couleurs en post-production. J’y passe un certain temps.

Quelle est ta conception de la photo de surf parfaite ?

Dans un premier temps, cet idéal nécessite une surfeuse ou un surfeur avec qui je m’entends bien. Il faut un bon « feeling » car c’est un travail entre nous deux. Même si une image sur un spot parfait et surpeuplé d’excellents surfeurs peut être très bonne également. Dans tous les cas, elle ou il, doit être élégant dans son surf.

Quelles sont tes sources d’inspiration ?

L’océan tout simplement. Cette étendue bleue, sans horizon, m’obsède. Certaines personnalité m’inspirent, m’intéressent et me poussent à les photographier. Sinon de manière plus précise, la peinture m’inspire. Le travail des différents plans, des couleurs par exemple. En peinture le travail de Georges Braques (par exemple ces travaux ressemblant au « Port de la Ciotat ») ou le travail de Marcella Barcelo me plaît. En photographie nombreux sont les artistes qui m’inspirent : Karel Chladek, Yosigo, Marilyn Minter, Peter Lindberg ou Chris Grundy.

Arthur Picard photographie surf
Arthur Picard photographie surf
Arthur Picard photographie surf
Arthur Picard surfeur
Arthur Picard photographie surf

Quelle est la meilleure session que tu aies vécu derrière l’objectif ?

Certainement une session en aqua en décembre 2021 à Parlementia. Du soleil, des amis et une belle houle d’hiver. Les ingrédients étaient réunis pour passer un bon moment !

Y a-t-il des spots que tu t’interdis de shooter, par peur de révéler des indications géographiques ?

De manière générale mes photos sont flous, sur-exposées, sous-exposées ou les cadres sont serrés. Il est donc difficile de discerner le lieu de prise de vue. Pour l’instant je n’ai pas eu à faire ce choix, mais je respecte le lieu et les locaux partout où je vais.

Comment fais-tu pour innover dans tes prises de vue ?

Dans un premier temps, je me cultive sur l’histoire de l’art et de la photographie. J’essaie de découvrir de nouveaux artistes en permanence. Cela me permet de connaître les classiques et les courants actuels. D’autre part, à travers mon travail, c’est une part de moi-même que je présente. J’espère avoir une personnalité assez singulière pour ne pas avoir à produire le même travail que d’autres photographes/artistes ahah !

As-tu déjà voyagé pour la photo ?

Oui. À divers endroits de France, à Hawaï et au Portugal.

Y a-t-il des destinations qui te font rêver pour shooter ?

L’eau chaude me fait rêver. Surtout lorsque je dois remettre des épaisseurs de néoprène en hiver ! L’eau chaude et les vagues parfaites sont de très bon atouts pour sortir des images de qualités (Indonésie, Hawaï, Tahiti etc). Mais je réfléchis à mon impact carbone et essaie de restreindre de manière drastique mes déplacements en avion. De nombreuses destinations en France et en Europe me tentent.

Arthur Picard photographie surf

Y a-t-il des surfeurs professionnels que tu rêverais de shooter ?

Oui ! Par exemple : John John Florence, Bruce Irons, Dave Rastovich, Torren Martyn. Leur style me séduit. Ils sont élégants sur la vague.

On connaît ton intérêt pour la vidéo, peux-tu nous en dire plus ?

Oui. La réalisation vidéo et la photo sont deux médiums différents qui permettent de s’exprimer différemment. Ces derniers mois j’ai beaucoup travaillé à la réalisation d’un documentaire sur le sauvetage sportif qui est un sport peu connu. Le film s’appelle « ITZALA ». Le documentaire retrace la saison sportive 2020/2021 de Julen Marticorena. Champion de France, d’Europe et du monde, il a su exprimer son talent et son amour pour le sauvetage sportif à diverses reprises. C’est le premier documentaire de ce type, sur ce sport. Au-delà de l’odyssée sportive, c’est une histoire d’amitié. Cela fait presque 17 ans que je connais Julen. La prochaine projection a lieu au Joe and Joe le mercredi 3 août dans la soirée. J’ai aussi travaillé sur la mise en place d’une boutique en ligne sur laquelle vous pouvez retrouver mes meilleures images.

Son travail et ses tirages sont à retrouvés sur sa boutique en ligne. Mais vous pouvez aussi retrouver Arthur au quotidien sur Instagram.


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