Peter de Boer : une nouvelle connexion au monde

Interview avec l'artiste et surfeur néerlandais.

27/11/2023 par Rédaction Surf Session

Peter de Boer surf peinture
Peter de Boer surf peinture

« En temps que peintre, j’essaye de narrer une histoire contemporaine. Et en temps que surfeur faisant parti d’une communauté de surfeurs qui apprécie l’océan et les mers, j’essaye de faire attention à mon environnement naturel. « 

Peter de Boer

La peinture de Peter de Boer est un véritable manifeste à adopter une nouvelle vision du monde et à regarder de nouveau ce qui nous entoure.

Le peintre néerlandais est un fidèle de la peinture à l’huile qu’il travaille en superposition, lui permettant de créer de la profondeur dans ses scènes. C’est un chemin qu’il trace vers cet horizon nouveau. C’est une invitation qui est proposée au spectateur, à suivre ce sentier à travers cette nature aussi luxuriante et accueillante que perturbante, suivre ce sentier vers le désir d’un retour à la simplicité. Un retour vers un mode de vie plus durable mais sans qu’il soit coupé du monde moderne. Cette conciliation il la loge dans la figure de l’ours polaire, aussi attachant que dangereux.

Dans ses tableaux, cette conciliation se traduit aussi par des paysages sereins et rêveurs. Ceux-ci peuvent s’avérer perturbants, par l’utilisation des couleurs, dans des tons vifs, avec des associations inhabituelles qui les rapprochent des songes. Nos songes qui s’amusent souvent à nous déstabiliser. Cette fumée veut nous réveiller. C’est la forêt ou la tente qui prends feu, c’est une urgence climatique qui nous rappèle à la réalité, un paysage apocalyptique qui nous rappelle que nous ne sommes pas les maîtres sur cette terre. 

Les tentes et les cabanes dans les arbres appèlent des associations dans l’esprit de l’artiste et raisonnent en dualité. De l’enfance à la dénaturalisation par l’action de l’homme, cette dualité englobe aussi les thèmes de la survie et de la sécurité mais aussi ceux de l’aventure et de l’exploration. C’est un voyage dans une immensité sauvage qui nous est offert et le voyage n’est pas seulement imaginé : il est vécu par le peintre.

Aussi surfeur, Peter de Boer passe autant de temps à l’eau que dans son atelier. Et dans ses oeuvres on retrouve aussi bien les plages néerlandaises (et son spot local Wijk aan Zee) que nos spots biarrots.

Dans ses séries « surfers » on retrouve les mêmes dynamiques : une immersion dans une nature foisonnante, colorée, portant toujours vers un horizon prochain, ou idéal, qui n’existera que dans l’esprit de l‘artiste de 43 ans. Les scènes sur le surf sont une ode à la culture qui en découle, ce n’est pas une représentation naïve du plan d’eau, mais bien un ensemble dans lequel Peter intègre le sport et l’amusement dans une démonstration d’une conscience globale de la nature et de la façon de vivre le moment présent. 

L’artiste était récemment en Vendée, du côté de Saint-Gilles-Croix-de-vie. Un endroit qui l’inspirait depuis quelques années maintenant. Il en a profité pour prendre quelques photos, esquisser quelques peinture et surtout prendre des vagues.

Nous avons profité de quelques jours flat pour lui poser quelques questions.

Salut Peter ! Comment as-tu commencé ta carrière de peintre ? Quelles ont été tes premières sources d’inspiration ?

Je peint depuis 20 ans, depuis que je suis diplômé de l’école d’art d’Amsterdam. Au début je vivais dans un atelier au bord de la mer, dans le village de Den Helder. Je peignais beaucoup les gens dans les bars de marins.

Après un certain temps, j’ai trouvé comment peindre avec la technique du tempera à l’œuf. C’est à ce moment-là que j’ai déménagé à Amsterdam et que j’ai commencé à peindre des paysages. Et c’est aussi à peu près au même moment que j’ai commencé à surfer.

Comment concilies tu surf et peinture dans ta vie ?

Je suppose que comme chaque chose dans ma vie, le surf affecte ma peinture d’une façon ou d’une autre. Mais le surf revient dans mes peintures d’une façon puissante. C’est en réalité les mêmes sensations que l’on ressent : surfer une vague et osciller son pinceau sur la toile pour moi c’est la même chose. Tu ne penses à rien d’autre que le moment présent dans lequel tu te trouves.

Est-ce-que les scènes naissent dans ton esprit ou sont elles des témoignages de ce que tu as vu ?

La majeure partie de mon travail trouve son origine dans mes photos. Parfois une combinaison de plusieurs photos. Les photos que je prends ou trouve ne sont pas peintes de façon littérale, je les vois plus comme des esquisses. Des couleurs, des objets, des compositions ou même des sujets peuvent être une source d’inspiration. La photo est le point de départ mais à un moment, je vais la laisser partir et peindre ce qui traverse mon esprit. En fin de compte, mon but n’est pas de juste peindre une image ou un paysage, mais aussi de m’amuser avec la peinture sur la toile. Quelques peintures résultent de ces paysages imaginaires. 

As-tu plus l’habitude de peindre dans ton studio ou sur place ?

 Je dois peindre en studio. Quand je suis dehors je profite des paysages en les parcourants, en me baladant, en skatant ou en surfant ma planche. C’est plus de l’ordre de capturer le sentiment, l’expérience du paysage et des alentours naturels que relater un lieu exact.

On sent que l’urgence climatique imprègne ton travail. Dirais-tu que c’est un message que tu essayes d’influer à tes oeuvres ? 

Parfois c’est difficile de voir l’impact humain sur notre monde. En temps que peintre, j’essaye de narrer une histoire contemporaine. Et en temps que surfeur faisant parti d’une communauté de surfeurs qui apprécie l’océan et les mers, j’essaye de faire attention à mon environnement naturel. Mes œuvres montrent cette appréciation, et parfois montrent le contraste de la beauté autant qu’une forme de noirceur et désespoir en toile de fond. C’est plus un sentiment de nostalgie, parfois un peu troublant, parfois qui se fait ode à la nature, plus qu’un message direct. Je pense qu’on continue à apprendre de la nature et on devrait continuer à le faire pour comprendre que l’ont fait parti d’une histoire plus large. Etre conscient de la nature, c’est être conscient de la vie.

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Interview réalisée par Agathe Diaz-Neusch 


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