Equinor a reçu l’autorisation de forer du pétrole dans la grande baie d’Australie

''C'est une putain de honte. Ils vont transformer un désert marin prospère en un champ pétrolier pour les simples bénéfices d'une société de combustibles fossiles étrangère.''

19/12/2019 par Marc-Antoine Guet


C’est une bien mauvaise nouvelle qui vient de tomber en provenance de l’Australie hier.

Alors que le pays a connu il y a peu de temps  la plus chaude journée jamais enregistrée de son histoire, la désormais célèbre société norvégienne de combustibles fossiles, Equinor, a reçu l’autorisation officielle de forer du pétrole dans la grande baie d’Australie.

Au moment où les températures dépassaient hier les 40 degrés dans une grande partie du pays, et alors que le débat environnemental commence doucement à être placé au centre de la table, le régulateur australien du pétrole et du gaz offshore NOPSEMA a annoncé qu’ Equinor avait reçu l’autorisation de forer un puits de pétrole d’exploration dans la baie.
Le site du puits Stromlo 1 se trouve à 370 km au large de la ville côtière de Ceduna (Australie du Sud), dans des eaux sauvages atteignant les 2 500m de profondeur, et qui étaient jusqu’à lors considérées comme trop profondes pour être exploitées… Une fois foré, ce puits de pétrole sera le plus profond et le plus éloigné des côtes australiennes, mais il sera aussi l’un des plus profonds au monde.
Le forage devrait commencer dès novembre 2020.

Avec plusieurs autres sociétés de combustibles fossiles détenant des permis d’exploration dans la région, cette décision ouvre la voie au développement de la baie en un bassin pétrolier.
La nouvelle de l’approbation a été accueillie par une réaction hostile de la part des surfeurs et des écologistes de toute la côte australienne. « C’est une putain de honte », a déclaré le surfeur militant Heath Joske, qui vit sur la côte de Bight et qui s’est imposé comme l’un des leaders de cette campagne de protestation contre Equinor. 


« Personne en Australie ne veut de ce projet… à part les gens qui sont prêts à en tirer beaucoup d’argent. Ils vont transformer un désert marin prospère en un champ pétrolier, mettant en danger tout notre littoral pour les simples bénéfices d’une société de combustibles fossiles étrangère. C’est de la folie. »


L’approbation d’hier sonne comme une délivrance en revanche pour la société Equinor, qui s’était vue jusqu’à présent refuser à 2 reprises ce droit de forage par le régulateur de l’industrie NOPSEMA. La 3e étant malheureusement la bonne.

« Vous avez ce régulateur soi-disant indépendant qui se présente aux dîners organisés avec les lobbys du pétrole et du gaz », ajoute Joske. « Qu’en est-il de notre rencontre avec NOPSEMA? Où est le ministre de l’Environnement ? Nous n’avons vu personne. Nous avons été complètement tenus dans l’ignorance » précise Joske, qui, comme de nombreux militants de Bight, est devenu un étudiant passionné du forage offshore et a lui-même examiné de près le plan d’Equinor.
Le projet initial et ses acteurs 

C’est la société Equinor, compagnie d’énergie pétrolière et éolienne norvégienne, qui est à l’origine du projet qui fait tant débat. Comme annoncé déjà sur notre site en mars dernier, la compagnie souhaite faire de la grande baie d’Australie un champ de forage de pétrole en eau profonde. 

Pour veiller sur le projet et lui donner le feu vert, Equinor comptait sur NOPSEMA, l’Autorité Nationale de Sécurité du Pétrole Offshore et de Management de l’Environnement. Un organisme « censé » faire office de régulateur.

Suite à la publication du projet en février dernier, les Australiens avaient bien évidemment réagi : plus de 30 000 personnes ont écrit à NOPSEMA pour contester les projets de la société Equinor. Le régulateur industriel a dans la foulée demandé à l’entreprise de revoir son plan environnemental en 60 jours. À 2 reprises… Avant de finalement dire oui au bout de la 3e fois !

 Pourquoi se battre pour la Baie australienne ?

Le monde n’est pas (encore) à court de pétrole. BP estime même qu’il y a des réserves pour 51 ans. Le projet de venir forer dans une zone océanique sauvage et dont la biodiversité devrait être fortement protégée devient alors inutile et facilement contestable. 

En cas d’accident et de déversement de pétrole, c’est toute la côte australienne qui sera touchée. Et les risques présentés par la compagnie le montrent eux-mêmes : une marée noire pourrait s’étendre sur des milliers de kilomètres, causant des dommages irréversibles.

D’après Greenpeace, plus de 36 espèces de dauphins et de baleines pourraient être menacées. Le mouvement accuse Equinor de ne pas respecter l’environnement et continue d’affirmer que le projet est une menace, même après la révision du plan environnemental qui ne semble toujours pas prendre en compte la sauvegarde des espèces protégées de la baie.

Fight for the Bight, en plus de contester le projet en lui-même, s’opposait donc aussi à la compagnie Equinor qui viendrait tirer à elle seule le bénéfice du forage. En plus d’être irrecevable sur la plan environnemental et social, ce projet ne profiterait absolument pas à l’Australie.

Pourquoi l’Australie accepterait-elle alors ? Parce que le pays d’Océanie donne désormais carte blanche à des entreprises étrangères pour qu’elles accèdent aux ressources, en échange de payer un impôt nominal en Australie. 

À quelques jours de Noël et de la fin d’année, l’argent a encore malheureusement parlé. 

Photo à la une :  Kristina Kasputien 

                


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1 commentaire

  • yuyu
    19 décembre 2019 18h57

    si BP dit qu’il reste 51 ans alors c’est bon! On verra après ! Yihaaaaa!

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